À l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nos associations Soralia et Sofélia s’impliquent également pour la suppression du statut de cohabitant·e. Actives sur ces questions depuis des décennies, nous souhaitons rappeler que la suppression du statut de cohabitant·e est une condition nécessaire, urgente et juste pour sortir une multitude de femmes de la pauvreté.

Le statut de cohabitant∙e : une entrave majeure à l’autonomie des femmes

Les femmes sont celles qui subissent le plus les conséquences de ce statut, tout simplement parce que ce sont elles qui, systématiquement, en héritent le plus. Pourquoi ? Parce qu’au sein du couple [1] , la charge des enfants et du ménage reste une histoire de femmes, ce qui les encourage ou les oblige à rester à la maison ou au moins, à diminuer leur temps de travail. Et lorsqu’elles travaillent, elles sont employées majoritairement dans des secteurs où elles n’ont pas d’autres choix que de travailler à temps-partiel (secteur du nettoyage, des soins de santé, de la vente, de la petite enfance, etc.) et où les contrats sont précaires (bas salaire, contrat de courte durée, horaires flexibles, etc.). Toutes ces raisons cantonnent les femmes à être considérées comme étant à charge de leur mari ou de leur conjoint : sans ou avec peu de revenus, elles voient ce dernier bénéficier du taux de chef de ménage tandis que, elles, n’ont rien et doivent continuer à vivre au crochet de quelqu’un. En parallèle, lorsqu’elles sont considérées comme isolées ou cheffes de ménage, elles ne peuvent se permettre de cohabiter avec quelqu’un d’autre [2] de peur de voir leur statut passer de cheffe de ménage à celui de cohabitante.

Une revendication fondamentale pour plus d’égalité !

Le statut de cohabitant∙e est un frein considérable à l’égalité entre les hommes et les femmes dans notre pays. C’est pourquoi, en cette journée internationale du 8 mars pour les droits des femmes, nous nous mobilisons une fois encore pour que la suppression de ce statut devienne une priorité politique. Ce projet ambitieux nécessite cependant :

  • De récolter des données statistiques sur le coût réel de la suppression de ce statut : par catégorie familiale (chef·fe de ménage, isolé·e, cohabitant∙e), par genre, et par types d’allocations/revenus (allocations de chômage, d’insertion, Revenu d’Intégration Sociale, Garantie de Revenus Aux Personnes Agées, etc.) ;
  • De récolter des données sur le coût réel des dépenses relatives aux contrôles effectués notamment par l’ONEM ;
  • D’informer et de sensibiliser le grand public sur le fonctionnement de la Sécurité sociale et sur ses impacts, notamment, genrés .

In fine, ce que nous revendiquons, ce n’est pas seulement la suppression du statut de cohabitant∙e mais bien, de manière plus générale, l’individualisation des droits sociaux, afin que nos droits ne soient plus conditionnés à une tierce personne. Néanmoins, nous sommes conscient·e·s de l’importante réforme que cela nécessite, c’est pourquoi nous pensons que supprimer le statut de cohabitant∙e est la première étape, la plus judicieuse pour contrer les inégalités mais aussi pour faire face aux multiples crises (environnementale, énergétique, économique et sociale) que la Belgique traverse.

[1] Hétérosexuel

[2] Pour rappel plus de 80 % des familles monoparentales ont à leur tête une femme.

Autrice
AutriceWivynne Gaziaux