Le mois de juin, connu également comme le Mois des Fiertés, célèbre chaque année la communauté LGBTQIA+ [1]. En effet, en juin 1969, à New York, ont démarré les émeutes de Stonewall, symbole de révolte de la communauté contre les violences qu’elle subit au quotidien. En ce Mois des Fiertés, il convient de rappeler l’importance de la communauté transgenre, dont plusieurs figures emblématiques sont à l’origine des Pride que nous connaissons aujourd’hui.

Les discriminations envers les personnes transgenres existent toujours. En effet, aux États-Unis, plusieurs États ont proposé des lois interdisant l’accès à des traitements hormonaux pour les mineur·e·s trans. L’exclusion touche également le monde sportif où la Fédération internationale d’athlétisme bannit désormais les personnes trans des catégories féminines [2]. Au sein même de certains mouvements féministes, de nombreuses personnes refusent l’inclusion des personnes trans dans leurs . Ces dernières sont qualifiées de TERF (Trans-Exclusionary Radical Feminist). Sofélia — La Fédé militante des Centres de Planning familial solidaires a d’ailleurs fait les frais d’une vague de haine transphobe lors de sa dernière campagne, Sang Rougir. En effet, nous avions décidé d’utiliser les termes « personnes menstruées » à la place de « femmes », dans le but de visibiliser les vécus de chaque personne ayant ses règles. Cela nous a valu d’être accusées, entre autres, de « pervertir la jeunesse » ou encore d’avoir des « positions psychotiques ».

Penser l’inclusivité par le langage

Pourtant, l’inclusion des personnes trans dans notre langage courant est un très bon premier vecteur d’égalité. En effet, le langage façonne notre pensée et influence notre vision du monde. Il joue un rôle dans les discriminations et le maintien de celles-ci envers, entre autres, les personnes trans. Cela entraine une certaine justification du harcèlement, des insultes et des violences physiques à leur égard. Ainsi, l’état de santé des personnes trans est globalement moins bon que celui d’autres populations.

Concrètement, adopter un langage inclusif permet de visibiliser et de représenter les vécus des personnes trans. Ce manque de représentation peut constituer un frein important à leur émancipation et à leur épanouissement, mais aussi à la reconnaissance de leurs réalités et besoins. Pour reprendre l’exemple des menstruations évoqué précédemment, préférer l’emploi de « personnes menstruées » montre aux personnes trans qu’elles sont les bienvenues. En effet, puisqu’elles sont régulièrement sujettes à des discriminations dans le domaine de la santé, cela peut les pousser à adopter des stratégies d’évitement et donc à repousser leurs soins de santé. Il est donc capital que cette population puisse avoir accès à des informations concernant leur santé, notamment menstruelle, et ce avec le moins de barrières psychologiques ou physiques possible.

Enfin, utiliser ces termes neutres permet également d’engager une réflexion avec un public non-concerné par la transidentité. Cela peut permettre, notamment, d’enclencher une discussion avec une personne n’étant pas forcément au fait des discriminations liées au genre. Tout acte de sensibilisation sur le sujet sera toujours le bienvenu.

Pour Sofélia, il est nécessaire de pouvoir former ses Centres de Planning familial (CPF) affiliés aux réalités des vécus et de la santé des personnes trans. En effet, il s’agit d’un public qui est plus sujet aux reports de soins, notamment gynécologiques, par peur d’être confronté à de la transphobie de la part des professionnel·le·s de santé. Il semble donc essentiel que les CPF soient formés à la thématique des transidentités au vu de leur expertise et des questionnements qu’ils peuvent rencontrer sur le terrain à ce sujet.

[1] LGBTQIA recouvre les termes suivants : Lesbienne, Gay, Bisexuel.le, Trans*, Queer, Intersexe, Asexuel.le. Le + symbolise l’ensemble des (sous-) groupes qui ne sont pas nommés au préalable.

[2] Par exemple, le mouvement « femelliste ».

AutriceMargot Foubert