Aide-ménagère, garde-malade, ergothérapeute, psychologue… La Centrale de service à domicile (CSD) permet à des personnes en perte d’autonomie de rester au maximum chez elles en proposant des soins adaptés à leurs besoins. Au Brabant Wallon, on accompagne également les aidant·e·s proches. Rencontre avec Angélique Marcq et Muriel Willems, psychologues pour la CSD BW.

Qu’est-ce que la CSD ? Qui peut en bénéficier ?

A.M. : C’est une multitude de services qui, si c’est le choix de la personne, lui permettent de rester à domicile, dans de bonnes conditions et en profitant de soins accessibles. On est vraiment dans le respect du choix de la·du patient·e avec une approche personnalisée. Une coordinatrice se rend au domicile des patient·e·s pour voir de quels services les personnes ont besoin. Elle revient régulièrement au domicile et on réajuste en permanence en fonction des besoins de la personne.

M.W. : Il ne faut pas forcément être affilié·e à Solidaris pour profiter de nos services. Toute personne en perte d’autonomie (temporaire ou permanente) peut profiter des soins. Il suffit de nous contacter par téléphone, que l’on appelle pour soi ou pour un proche, et notre call center fait le reste.

Au service psy, on fonctionne vraiment au cas par cas. Nous appelons la personne pour connaître sa situation, fixer un rendez-vous et nous nous rendons au domicile de la personne. Actuellement, les deux premières visites sont gratuites et les visites suivantes sont à 25 euros. Solidaris prend en charge 20 euros durant 12 séances maximum. Avec l’intervention de la mutuelle, les séances reviennent donc à 5 euros.

Pourquoi avoir décidé de travailler à la CSD en tant que psy ?

M.W. : Très peu de psychologues indépendant·e·s se rendent à domicile. Pour les personnes bloquées chez elles, on ne peut qu’imaginer la souffrance de ne pas sortir dans le monde extérieur. L’accompagnement de ces personnes-là est important et trop négligé au niveau des psychologues indépendant·e·s, car cela est plus contraignant, prend plus de temps… C’est important pour moi de permettre à ces publics d’être accompagnés.

A.M. : On a la sensation de répondre à un besoin qui n’est pas toujours pris en compte. On se met au service de personnes qui sont éloignées des services de soins.

Être psy à domicile, qu’est-ce que ça implique ?

M.W. : Il y a beaucoup plus d’authenticité dans la relation que l’on a avec les patient·e·s à domicile. On voit les personnes dans leur quotidien avec les proches qui les entourent, leurs animaux. On rentre clairement dans leur intimité tout en restant discrètes·ets. La personne nous accueille et nous nous devons de respecter la part d’intimité que nous ne partageons pas avec elle.

A.M. : Ça nous demande des facultés d’adaptation… On fait parfois des séances avec le chat de notre patient·e·s sur les genoux (rires). Il arrive que la gestion de l’entourage soit compliquée. Dans une consultation privée, les psys cadrent les échanges, ce qui permet d’entretenir le secret professionnel. Dans un échange à domicile, il y a des fois un enfant, un parent qui arrive en pleine rencontre. On est plus en risque d’être court-circuité·e·s. C’est déstabilisant et en même temps ça permet d’enrichir les échanges.

En quoi venir en aide aux personnes en perte d’autono[1]mie permet aussi d’accompagner les aidant·e·s proches ?

A.M. : On va d’abord se concentrer sur la personne aidée. Mais, force est de constater que nos services ont un impact sur la famille élargie. Nos soins vont permettre par exemple d’alléger les aidant·e·s proches, de déléguer certains soins à des équipes de professionnel·le·s. C’est aussi permettre aux familles de respirer, de ne pas être systématiquement prises dans une multitude de tâches d’accompagnement et d’aide auprès de personnes en perte d’autonomie et au détriment de leur propre vie et fonctionnement. La prise en charge d’un·e bénéficiaire va forcément avoir un impact sur l’aidant·e.

M.W. : En tant que psychologues à domicile, nous nous rendons chez les personnes en perte d’autonomie, mais aussi chez les aidant·e·s. Nous proposons aussi un suivi psychologique pour les aidant·e·s proches, même si elles·ils ne sont pas en perte d’autonomie.

Plus concrètement, que propose la CSD pour venir en aide aux aidant·e·s proches ?

M.W. : Nous nous occupons de la ligne téléphonique à destination des aidant·e·s proches. Les personnes peuvent nous contacter si elles ont la moindre question à propos de leur statut ou pour une écoute. Nous organisons également des activités à destination des aidant·e·s proches. Nous avons aussi un groupe de parole qui sera bientôt actif et s’installera dans un lieu adapté à la majorité de nos aidant·e·s proches. Il suffit que les personnes se manifestent pour qu’on le lance !

A.M. : Nous avions déjà un groupe de parole par le passé. En 2014, dans le Brabant wallon, la CSD, Espace Seniors et les FPS avaient décidé d’en mettre un en place, car ça faisait écho à des projets déjà menés par Espace Seniors. On a essayé de faire percoler ce sujet des aidant·e·s proches sur notre territoire. Le groupe de parole a vécu quelques mois. Ce type de groupe évolue parfois fortement. Les besoins des personnes changent et certaines qui étaient aidantes ne le sont plus par la force des choses. Par ailleurs, il n’est pas toujours facile pour les aidant·e·s proches de s’inscrire dans des projets au long cours, car leurs réalités sont complexes. Ce groupe-là s’est donc éteint, mais on a aussi développé des activités plus ponctuelles, car c’est souvent plus facile pour ces personnes de venir à un moment précis et de façon brève afin d’obtenir du soutien.

Pourquoi reste-t-il essentiel d’accompagner les aidant·e·s proches ?

M.W. : Il y a parfois un sentiment de culpabilité. On sent qu’au fond de soi, c’est trop, mais on n’ose pas s’en plaindre ou déléguer. Parler des aidant·e·s proches permet de mettre en avant cette aide informelle, d’informer sur le poids que ça fait porter à des individus et aussi comment cette aide vient compenser tout un tas de manquements.

A.M : Il est nécessaire de continuer à développer des services d’accompagnement, d’avoir une vision politique sur la question. Ce n’est pas uniquement une histoire intime, c’est aussi un souci sociétal.

M.W. : On a beau proposer des choses pour les aidant·e·s proches, il leur reste difficile de s’autoriser à prendre du temps pour elles·eux. Les aidant·e·s sont overbooké·e·s par leur vie perso, leur conjoint·e, leurs aidé·e·s. Comment s’autoriser à prendre du temps pour aller à un groupe de parole ou une activité bien-être quand d’autres priorités sont là ? C’est essentiel pour moi de continuer à aborder la question des aidant·e·s, car en parler permettra aux personnes de déculpabiliser et de lever un tabou. La santé des aidant·e·s est importante aussi, il ne faut pas la mettre de côté. On doit tou·te·s communiquer autour de ça pour faciliter la compréhension et déculpabiliser. Au plus on va le répéter, au plus les aidant·e·s vont s’autoriser à prendre ce temps.

A.M. : Il y a aussi la difficulté de se reconnaître en tant qu’aidant·e. Les gens ne s’identifient pas toujours comme un·e aidant·e proche, mais plutôt comme un parent, un enfant, un membre de la famille. Cela semble évident pour ces personnes de prendre en charge leurs proches. Aider ces personnes à s’identifier comme aidant·e proche, ça permet de comprendre que l’être n’est pas forcément un rôle qui va de soi, une obligation pour laquelle on ne peut pas se plaindre ou chercher du soutien.

La Fédération des Centres de Services à Domicile (FCSD) regroupe 8 Centrales de Services à Domicile (CSD) et 7 services associés. Aidant·e proche ? Les services membres de la FCSD proposent également un service qui vous permettra de souffler et de prendre du temps pour vous.

Il existe 2 types de garde qui peuvent prendre votre relais :

LA·LE GARDE-MALADE : elle intervient auprès de bénéficiaires qui ont besoin d’une présence de jour comme de nuit ;

LA·LE GARDE RÉPIT : elle est dédiée aux aidants proches d’enfant ou d’adulte en situation de handicap afin de leur permettre de prendre du temps pour eux.

La régionale du Brabant wallon dispose également d’une ligne téléphonique à destination des aidant·e·s proches : 010/84.96.64.

Autrice
AutriceElise Voillot