Depuis sa création en 1984, Sofélia, anciennement la Fédération des Centres de Planning familial des FPS, lutte activement pour les droits sexuels et reproductifs de chacun·e. Nous voulons pouvoir rendre visible au plus grand nombre des informations sur la contraception, sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et sur tout ce qui touche à l’éducation sur la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS). Bref retour sur ces combats, toujours d’actualité !

Le monde militant a pu constater récemment que les droits sexuels et reproductifs ne sont jamais totalement acquis, avec notamment la révocation du droit à l’IVG aux États-Unis. En effet, les attaques concernant le droit à l’IVG et la désinformation vis-à-vis de celle-ci vont toujours bon train. Que ce soit en se faisant passer pour des numéros de renseignements neutres pour ensuite dissuader les personnes qui les appellent d’avorter ou en bloquant les portes de centres IVG, les anti-choix continuent à propager leur idéologie, n’hésitant pas à investir les réseaux sociaux. Parallèlement, bien qu’elle constitue une mission de l’enseignement obligatoire en Belgique depuis 2012, l’EVRAS n’est pas généralisée et de nombreuses·eux élèves en Fédération Wallonie-Bruxelles n’en bénéficient toujours pas. Recevoir ce type d’éducation permettrait pourtant, entre autres, d’informer sur la santé sexuelle et reproductive et de contribuer ainsi à prévenir les grossesses non désirées tout en luttant contre la désinformation concernant l’IVG.

NOTRE VISION À LA LOUPE

Il est nécessaire de continuer à lutter pour les droits sexuels et reproductifs, afin de garantir l’égalité entre les genres.

Cette lutte s’est traduite, notamment, par notre changement de nom. En effet, la Fédération des Centres de Planning familial des FPS est devenue Sofélia. Dans le nom Sofélia, on retrouve la solidarité, qui est à la base de notre travail et de nos préoccupations. On retrouve également la notion de fédération, mais aussi de féminisme, qui est au cœur de nos motivations. Ce nom fait référence à l’égalité, que ce soit entre les genres, d’accès aux services de santé ou d’accès à l’information en matière d’EVRAS. Enfin, le nom fait référence au lien qui nous unit à Soralia. Ce nouveau nom permet ainsi de rappeler nos valeurs, nos missions, notre idéal de société, tout en permettant une modernisation visuelle de notre association, pour mieux coller aux évolutions de la société et des luttes que nous portons.

Cette continuité des luttes se traduit également par de nouveaux sujets traités. En effet nous avons pu développer une certaine expertise de l’éducation aux médias, dont la nécessité s’est d’autant plus prouvée ces dernières années, tout en y apportant une dimension genrée. Cela s’est fait, entre autres, par des campagnes de sensibilisation axées sur le harcèlement sexiste en ligne, ou sur l’hypersexualisation des corps sur les réseaux sociaux et l’impact de celle-ci sur la santé mentale.

Sur le terrain

Pourquoi une fédération de Centres de Planning familial ? Depuis sa création, les FPS se sont attachées à la défense des droits des femmes et à la prévention en santé au sens large. Cela s’est notamment traduit depuis les années 60 par la création de Centres de Planning familial (CPF) et la volonté de les regrouper, en 1984, sous une fédération commune, qui est aujourd’hui Sofélia. Anne Spitals, ancienne présidente, confirme : « il nous a semblé important de fédérer nos différents centres afin de pouvoir être un soutien à ceux-ci ; devenant ainsi un interlocuteur incontournable auprès du monde politique et des pouvoirs subsidiants ». En effet, le secteur des plannings en Wallonie et à Bruxelles est représenté par 4 fédérations qui assurent représentation et défense auprès des pouvoirs publics. « Nos spécificités de mouvement féministe, laïque, de gauche et mutuelliste peuvent ainsi s’exprimer et être entendues par nos différents interlocuteurs politiques ».

La façade du Centre de Planning Familiale de Bruxelles, en 1965. Il fut le premier crée par les FPS, qui créeront ensuite la Fédération. 

L’accès à l’IVG, l’ADN de Sofélia

Actuellement, 9 de nos 17 Centres de Planning familial réalisent des IVG. Un accès sécurisé à l’IVG a toujours fait partie de l’ADN de Sofélia et de ses centres. Frédéric Brichau, coordinateur du CPF Willy Peers à Namur confirme : « pour nous, pratiquer l’avortement c’est défendre la liberté de choisir et répondre à un enjeu sanitaire. Dans le monde, chaque jour, des personnes meurent des suites d’avortements clandestins. Toutes ces tentatives d’obstruction à l’accès à l’avortement (désinformation, culpabilisation, etc.) et les restrictions législatives comme les sanctions pénales actuelles affaiblissent la liberté de disposer de son corps. »

L’EVRAS au cœur du travail des Centres de Planning familial

La vie relationnelle, affective et sexuelle est un point central dans l’existence de l’individu et de la collectivité. Elle présente de nombreux enjeux comme l’accès à la santé sexuelle ou encore un état de bien-être physique, mental et social dans le domaine de la sexualité. Avec presque 14 000 personnes touchées en animations EVRAS par an en Wallonie, nos CPF en sont donc un relai essentiel.

Il est nécessaire que l’EVRAS accompagne chaque individu tout au long de sa vie. En effet, elle vise à accompagner dès le plus jeune âge, tant sur le plan du développement relationnel que de l’épanouissement personnel. Vu son rôle éducatif, l’école est, dès lors, un lieu privilégié pour dispenser de l’EVRAS.

Cependant, elle est encore loin d’être généralisée dans tous les établissements scolaires. C’est ce à quoi travaille activement la plateforme EVRAS, dont fait partie Sofélia, qui vise à la mise en œuvre effective de l’EVRAS en milieu scolaire en formulant, notamment, toute une série de revendications relayées aux instances politiques.

Comment lutter contre les « nouveaux » obstacles de santé : l’exemple de la précarité menstruelle.

Certains enjeux de santé, qui n’ont en fait rien de nouveau, ont été mis récemment sur le devant de la scène. C’est le cas de la précarité menstruelle qui fut longtemps un sujet inconsidéré. Cette question est pourtant au cœur de nos combats dans une société où les personnes les plus fragilisées doivent souvent choisir entre se nourrir ou se procurer des produits menstruels.

Afin de contrer ce phénomène, le Projet Sang Souci est né au sein du réseau Solidaris à Charleroi, Liège et Namur. Laura Languillier, en charge du projet à Namur, explique que celui-ci s’articule sur 3 grands axes : la gratuité par la distribution de produits périodiques ; l’accessibilité par la collaboration avec les associations locales et la prévention par la diffusion d’informations en plusieurs langues.

Concrètement, sur le terrain, cela se traduit par une coopération entre les associations locales et services d’aide sociale. Sang Souci fournit des serviettes périodiques aux partenaires locaux qui les distribuent ensuite à leurs réseaux et leurs publics. Depuis toujours, les CPF travaillent en réseau avec le tissu associatif local et cela s’illustre encore via ce projet.

Ces dons seront bientôt accompagnés d’une brochure qui vise à informer sur les règles et les moyens de réduire les risques d’infection et de douleurs. On y trouvera également les chiffres de la précarité menstruelle et les adresses clés pour obtenir infos, soutien, écoute et matériel. Le projet se poursuit aussi à travers l’installation de distributeurs de protections périodiques pour un dépannage gratuit et instantané.

AutriceMargot Foubert