Chaque année, le 28 septembre, se tient la Journée mondiale pour la dépénalisation de l’avortement. L’occasion de rappeler qu’il est primordial que tous les pays du monde se dotent de lois reconnaissant un véritable droit des femmes à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et facilitant son accès. Interdire l’avortement n’en diminuera jamais le nombre, mais le rendra clandestin et risqué pour la santé et la vie des femmes. La reconnaissance d’une réelle liberté des femmes à disposer de leur corps passe, entre autres, par la déconstruction des idées reçues sur l’IVG. En Belgique, ces fausses idées sont encore bien présentes dans les mentalités. Les derniers chiffres publiés par la Commission nationale d’évaluation relative à l’interruption de grossesse portant de 2012 à 2019 permettent de déconstruire ces nombreux clichés.

Idée reçue N° 1 :

« Il y a de plus en plus d’IVG »

D’année en année, le nombre d’avortements en Belgique reste stable. En 2012, on comptait 19 155 IVG pratiquées en Belgique. En 2019, ce chiffre était de 18 027 IVG. Nous constatons donc une légère baisse depuis 2012.

Idée reçue N° 2 :

« L’avortement concerne majoritairement les jeunes filles »

Ce mythe est notamment véhiculé par les anti-IVG. Depuis 2012, l’âge moyen de l’avortement se situe autour de 28 ans (28,77 ans en 2019 et 27,56 ans en 2012). En 2019, c’était la tranche d’âges des 25-29 ans qui était la plus représentée (environ 25% du nombre total d’IVG en Belgique). En 2012, c’était chez les 20- 24 ans que les IVG étaient les plus pratiquées (environ 25% du nombre total d’IVG en Belgique).

Idée reçue N° 3 :

« De plus en plus de femmes se rendent à l’étranger pour avorter, car elles ont dépassé le délai légal en Belgique »

En Belgique, l’IVG peut être pratiquée jusqu’à 12 semaines de conception. Une fois ce délai dépassé, la situation la plus fréquente est de renvoyer la femme vers les Pays-Bas où l’IVG peut être pratiquée jusqu’à 22 semaines. En 2012, 611 femmes ont dû se rendre aux Pays-Bas pour avorter. En 2018, elles étaient 444 [1]. On constate donc une diminution des femmes se rendant aux Pays-Bas entre 2012 et 2019. En étant correctement et suffisamment informées, les femmes demandent une IVG dans les premières semaines de grossesse. Ajoutons que ces renvois révèlent une certaine hypocrisie de la part de la Belgique. Les autorités politiques belges doivent urgemment prendre en considération ces données afin d’adopter une législation correspondant davantage aux réalités des femmes et à leur droit à disposer de leur corps [2] .

Idée reçue N° 4 :

« L’avortement, c’est une solution de confort »

Comme le souligne Sylvie Lausberg, présidente du Conseil des femmes francophones de Belgique : « Évoquer une ‘’banalisation de l’avortement ‘’c’est puiser au vocabulaire de l’extrême droite et de ses ‘’IVG de confort’’ ». Depuis 2012, la raison la plus évoquée est celle d’un non-souhait d’enfant au moment de la demande d’IVG. En 2019, 18% des IVG étaient demandées pour cette raison. En 2012, ce pourcentage était de 19%. De 2012 à 2019, la deuxième raison la plus évoquée par les femmes était celle d’une famille complète. Ensuite viennent les cas où la femme se sent trop jeune. Chaque femme a sa ou ses propre·s raison·s de demander une IVG et celle·s-ci doi·ve·nt être respectée·s. Il n’y a ni bonne ni mauvaise raison. Les professionnel·le·s des Centres de Planning familial sont à l’écoute pour accompagner au mieux les demandes des femmes et ne pas les juger.

Depuis 2012, 4 avortements sur 5 se pratiquent en milieu extrahospitalier. En 2019, plus de 80 % des IVG en Belgique étaient pratiquées au sein des structures extrahospitalières comme les Centres de Planning familial (à Bruxelles et en Wallonie) et les Abortuscentra (en Flandre). Ce pourcentage est relativement stable depuis 2012. L’atout majeur de la prise en charge dans les structures extrahospitalières est l’accompagnement pluridisciplinaire de qualité centré sur la personne qui y est proposé (premier rendez-vous, intervention, suivi). L’intervention s’y déroule dans des conditions médicales optimales. Rappelons aussi qu’en centre extrahospitalier, pour les bénéficiaires en ordre de paiement de cotisations à la mutuelle, l’IVG est quasiment gratuite.

Pour plus d’informations sur l’avortement en Belgique : www.jeveuxavorter.be.

Pour les coordonnées des Centres de Planning familial en Wallonie et à Bruxelles (certains Centres pratiquent l’avortement, d’autres pas, mais tous sont formés pour accueillir les demandes d’IVG et les orienter vers d’autres structures si besoin).

[1] Le nombre de femmes s’étant rendues aux Pays-Bas pour avorter en 2019 n’est pas encore disponible.

[2]Pour connaitre les revendications de la FCPF-FPS en matière d’IVG, rendez-vous sur son site internet : www.jeveuxavorter.be.

Autrice
AutriceEloïse Malcourant