Suite à la démission de l’ex-président Evo Morales et l’entrée du nouveau gouvernement de transition de Jeanine Añez, la Bolivie a sombré dans une crise socio-politique qui a pris de l’ampleur avec la crise sanitaire. Aujourd’hui, le pays est touché par une crise généralisée, causée par un capitalisme racialisé qui accentue les inégalités entre les groupes ethniques du pays, un système patriarcal oppresseur et la pandémie du coronavirus.

Le 22 mars 2020, la Bolivie impose le confinement pour prévenir la propagation du virus. Les actions politiques #Quédate en Casa (#Reste chez toi) et #Lávate las manos (#Lave-toi les mains) ont mis en évidence les inégalités présentes dans le pays, surtout en matière d’accès à un logement décent et aux services de base. De plus, afin d’assurer le respect des consignes, le gouvernement a mis en place un système de contrôle de la population entravant les libertés des citoyen·ne·s (persécutions, violences, détentions).

Afin d’amortir la baisse des revenus des familles, le gouvernement a mis à disposition des « bons d’aide économique » destinés aux populations les plus vulnérables. Cette aide s’est rapidement révélée largement insuffisante, la somme totale des bons équivalant à peine aux deux tiers du salaire minimum national (de 301 US$). De plus, le gouvernement bolivien n’a pas été capable de proposer un plan stratégique pour assurer la continuité des services de santé auprès de la population lors de la pandémie. La saturation des services de santé a reporté la responsabilité des soins aux familles, qui se sont vues dans l’obligation de traiter les malades à la maison, dans des logements souvent trop exigus pour permettre un isolement des malades.

Enfin, l’arrêt brutal de toute une série d’activités économiques dû au confinement a aggravé les inégalités sociales. Selon l’Institut National de statistique de Bolivie, le taux de chômage s’élèverait à 11,8%. Les pénuries sur le marché du travail affectent directement les familles qui se retrouvent à la limite du seuil de pauvreté. Avec la difficulté, voire l’impossibilité, de générer des revenus, plusieurs d’entre elles ont sombré dans la précarité. Et cela représente aujourd’hui 83,3% de la population économiquement active du pays.

Les femmes, premières victimes de la crise

Le secteur informel est le plus touché par la pandémie, les petites activités avec des revenus journaliers se sont arrêtées du jour au lendemain. Cette situation affecte majoritairement les femmes qui composent 80% de ce secteur et a pour conséquence la perte de 70% de leur revenu. Dans le secteur formel, les femmes ouvrières qui, déjà avant la crise, devaient accepter des conditions de travail particulièrement difficiles se voient aujourd’hui obligées d’accepter des conditions de travail indécentes (journée de plus de 8 heures, revenu inférieur au salaire minimum, sans protection sociale ni congé de maternité). En outre, plusieurs d’entre elles ont perdu leur emploi suite à une vague de licenciements massifs.

Comme souvent, les femmes boliviennes n’apportent pas seulement une source de revenus pour le foyer, elles assurent également les tâches ménagères et les soins des membres de la famille. Avec le confinement, elles ont vu leur temps de travail augmenter jusqu’à 3 fois. Elles doivent assumer l’éducation des enfants qui n’assistent plus à l’école, les tâches domestiques en amont et leur emploi pour garantir un revenu minimum. Les femmes sont aussi celles qui prennent en charge les soins au sein du noyau familial. Si un·e des membres de la famille est contaminé·e par le Covid-19 et tombe malade, ce sont les femmes qui vont s’en occuper tout en risquant leur propre santé, car elles ne disposent pas du matériel nécessaire pour assurer leur sécurité. Les contagions ne sont pas les seuls dangers auxquels les femmes doivent faire face. Depuis le début du confinement, les chiffres des féminicides et violences faites aux femmes ont explosé. De mars à août, 8133 cas de violences contre les femmes ont été recensés, dont 6540 sont des cas de violence intrafamiliale. Les agressions sexuelles ne cessent d’augmenter avec 369 cas de viol et 352 cas d’agressions sexuelles envers des enfants. 2020 compte déjà 83 cas de féminicides, et plus de la moitié ont eu lieu à cause du confinement. Ces violences augmentent jour après jour, car la situation actuelle oblige les personnes vulnérables à partager l’espace de vie avec leur agresseur.

Face à cela, les femmes boliviennes se mobilisent ! Plusieurs d’entre elles sont en première ligne pour lutter contre le virus, occupent la majorité des emplois au sein du secteur de santé, de l’agroalimentaire et de la propreté publique. Certaines d’entre elles ont fait le lien entre la ville et les champs afin d’assurer l’approvisionnement alimentaire et se sont également organisées pour assurer des repas collectifs.

Toutes ces actions ont été guidées par un élan de solidarité entre citoyen·ne·s.

Solsoc est une organisation non gouvernementale (ONG) de coopération au développement. Avec des organisations du Sud, elle combat l’exclusion et les inégalités en Bolivie, au Burkina Faso, au Burundi, en Colombie, au Maroc, en Palestine, au Sénégal et en République Démocratique du Congo, ainsi qu’en Belgique. Leur objectif commun est de contribuer à la construction d’un monde plus juste et plus démocratique.

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