Quand on parle de juste traitement et d’égalité dans la société, on voit parfois ce type d’illustration sur les réseaux. Et si ces deux termes n’étaient pas à opposer radicalement ?

Repartons de l’illustration : sur l’image de gauche, nous pouvons voir que chaque personnage dispose d’une quantité égale de caisses pour cueillir des fruits. La dose d’inégalité est évidente : les individus, en fonction de leur position de départ, ne peuvent pas tous avoir le même accès à l’arbre. Sur l’image de droite, nous voyons que l’équité est atteinte grâce au fait que la position de chaque individu a été prise en compte avant de distribuer les caisses. Mais ici, l’inégalité qui persiste est également claire  : l’individu le plus grand n’a pas reçu de caisse, alors que le plus petit en a reçu trois, sans que le plus grand ne s’en sente forcément lésé. Cette illustration montre ainsi qu’en tenant compte des positions de chaque individu dans la société et en leur fournissant des compensations adéquates, nous arrivons à une certaine égalité. Ici, l’égalité est manifestée par le fait que tous les individus présents peuvent cueillir des fruits.

Le problème avec cette image est qu’elle tend à montrer que ces deux termes sont des notions opposées ou qu’elles ne présentent pas la même réalité. Or, elles sont sur un continuum. Toutes deux sont empreintes d’inégalités  : parfois, dans un souci d’équité, l’inégalité est tolérée si elle profite aux plus démuni·e·s et si chaque individu a eu l’opportunité d’accéder à cette place via une stricte égalité des chances. Le chemin vers l’égalité est parsemé de mesures équitables. En d’autres termes, atteindre l’égalité est une sorte de but vers lequel l’équité mène. Il est important de rappeler que ce n’est pas une faveur que l’on doit donner à la personne, mais bien un droit qu’on lui rend. Pour arriver à cette fin, la justice sociale admet comme nécessaire une part d’inégalités. Réfléchir sur les notions d’égalité et d’équité permet de discuter et de repenser l’organisation de notre société et les politiques qui devraient ou doivent être menées. Mais ces politiques sont elles-mêmes dépendantes de la vision de la justice sociale en vigueur dans la société. C’est là que réside toute la force des corps intermédiaires et de la société civile, afin de contrer le discours idéologique incitant à favoriser le profit plutôt que le social et l’humain.

Comment transposer ce constat au secteur du handicap, et plus généralement aux questions de discrimination ? Envie de creuser davantage la question autour de l’égalité et l’équité ? Rendez-vous sur le site de l’ASPH pour lire l’analyse complète.

Maï PaulusAutrice