La réforme des milieux d’accueil de la petite enfance de 0 à 3 ans (en abrégé MILAC) est lancée ! Attendue depuis des années par le secteur, celle-ci a débuté depuis mai 2019, pour aboutir à l’horizon 2025. Elle vise à améliorer la qualité et l’accessibilité des milieux d’accueil en refinançant le secteur et en luttant contre sa marchandisation. Concrètement, qu’est-ce que cela change pour les parents ?

Une redéfinition du paysage de l’accueil

Crèches privées, crèches subsidiées, maisons communales d’accueil de l’enfance, haltes-accueil, prégardiennat, crèches parentales… Désormais, tous les milieux d’accueil collectifs porteront l’appellation de «  crèche  ». Pour les accueils dits « familiaux », au domicile d’un·e accueillant·e, ces dernières·ers seront soit indépendant·e·s, soit lié·e·s à un service d’accueillant·e·s sous statut salarié.

Une amélioration de la qualité de l’accueil

L’accent est mis sur la qualité de l’accueil de tous les enfants. L’ONE a redéfini plus précisément les qualifications initiales et les formations continues requises pour l’accueil des tou·te·s-petit·e·s. Un accueil de qualité ne s’improvise pas et doit être assuré par des professionnel·le·s formé·e·s et compétent·e·s. Pour le personnel en place ne disposant pas des qualifications, pas de panique : des assimilations et des passeports sont prévu·e·s. Rappelons qu’il s’agit d’exercer un métier particulièrement difficile qui demande de disposer à la fois de savoirs, de savoir-être et de savoir-faire, sans oublier le savoir-devenir, l’indispensable capacité à se remettre en question et à évoluer. Comment s’y engager sans une stabilité financière suffisante, liée à un statut correct  ? Ou encore sans une formation solide qui implique un réel travail sur soi ? Seule une politique forte en matière d’accueil de l’enfance permet de mettre en œuvre les valeurs d’émancipation, de prévention et de lutte contre la pauvreté infantile.

Pour une meilleure accessibilité : mieux intégrer la réalité des familles

Les parents et les familles sont vues comme de réel·le·s partenaires de l’accueil, dans une logique de continuité des différents milieux de vie de l’enfant. L’ONE souhaite renforcer l’accessibilité de l’accueil, dans toutes ses dimensions  : géographique, financière, sociale, culturelle, inclusive, en termes d’horaires et de nombres de jours d’ouverture (notamment en élargissant les heures d’accueil). Les recherches de places seront également simplifiées. Aujourd’hui, il est déjà possible d’effectuer une recherche ciblée et complète de milieux d’accueil via le site de l’ONE. Plus tard, il sera également possible d’introduire en ligne une demande de place et de gérer les listes d’attente via un site unique. À terme, il est prévu de revoir les tarifs demandés aux parents dans les crèches, en appliquant les barèmes ONE en fonction des avertissements-extraits de rôle, en supprimant l’intervention d’accueil et en réduisant progressivement le coût pour les tranches de revenus les plus basses et moyennes inférieures.

Vers un refinancement indispensable du secteur

Afin de répondre aux nouvelles exigences de qualité et d’accessibilité demandées aux différentes structures, l’ONE et le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont décidé de refinancer les milieux d’accueil, en différentes vagues. Pour ouvrir de nouvelles places en crèches subsidiées, les milieux d’accueil doivent entrer dans une «  programmation  » du gouvernement. À ce jour, aucune programmation n’est encore lancée même si elle est prévue dans la déclaration de politique communautaire. Néanmoins, grâce à l’application de la réforme, certaines crèches ont eu l’opportunité d’augmenter le nombre de places subsidiées, sans passer par une programmation. Les parents verront donc l’offre de places subsidiées élargie et appliquant un tarif en fonction de leurs revenus, dès ce 1er trimestre.

Tout changement prend du temps

Les différent·e·s actrices·teurs du secteur (milieux d’accueil, fédérations, syndicats…), l’ONE, et les pouvoirs politiques travaillent en étroite collaboration afin de pouvoir répondre aux objectifs ambitieux de cette réforme. Celle-ci prendra du temps, lié aux budgets disponibles et situations particulières. Suite aux craintes exprimées par les opératrices·teurs du secteur quant à la mise en œuvre de certaines dispositions de la réforme, la ministre Bénédicte Linard a annoncé, par un projet d’arrêté ministériel, un report ultérieur de la mise en œuvre de ces dispositions afin de poursuivre la phase de consultation avec les actrices·teurs de terrain. Pour la F.I.L.E., l’accueil de l’enfant ne s’improvise pas, il ne s’apprend pas simplement sur le terrain, il ne se marchande pas. Pour la F.I.L.E., l’accueil de l’enfant se pense et se prépare, il s’apprend et se réfléchit avant d’être mis en œuvre sur le terrain, il constitue un droit pour chaque enfant.

Pour aller plus loin… Visitez le site de la F.I.L.E : http://www.fileasbl.be

Trouvez un milieu d’accueil : https://my.one.be/

[1] Cécile Van Honsté- directrice de la F.I.L.E. :La Fédération des Initiatives Locales pour l’Enfance regroupe plus d’une centaine de pouvoirs organisateurs de milieux d’accueil pour plus de 650 structures : publiques et privées, subsidiées ou non, tant en 0-3 ans qu’en accueil temps libre, dans le secteur de l’accueil et de la protection de l’enfance (crèches, maisons communales d’accueil de l’enfance, halte-accueil, services d’accueillant·e·s, accueil extrascolaire…)

Cécile Van HonstéAutrice
Natacha VerstraetenAutrice