Au cœur de l’hiver, beaucoup de personnes profitent des fêtes pour passer un moment avec leurs proches et partager joie et apaisement. Mais pour de nombreuses autres personnes, les fêtes de fin d’année annoncent plutôt davantage d’isolement, d’insécurité, voire de violences. C’est notamment le cas des femmes victimes de violences conjugales.  

Les violences conjugales, qu’est-ce que c’est ?

Les violences au sein d’un couple sont un ensemble de comportements, d’actes, d’attitudes, de l’un-e des partenaires ou ex-partenaires qui visent à contrôler et à dominer l’autre : non, ce n’est pas « aimer trop » ou « être passionné-e » que de rabaisser, limiter, menacer ou frapper sa/son partenaire. Si la violence peut être le fait d’hommes comme de femmes, apparaître dans les couples hétéros comme homosexuels, elle est en grande majorité exercée par des hommes contre les femmes, en raison de la culture sexiste dans laquelle nous baignons. Les représentations sociales courantes des codes de la séduction et du couple, présentes aussi dans la fiction, promeuvent encore une inégalité entre partenaires et une domination exercée par les hommes sur les femmes. La violence entre partenaires peut prendre plusieurs formes  : violences verbales, psychologiques, physiques, sexuelles, qui peuvent se superposer ou se succéder en escalade. Il n’existe pas de violence anodine  : toutes laissent des séquelles psychologiques pouvant aller jusqu’aux troubles de stress post-traumatique, et il existe toujours un risque d’aggravation des comportements violents. Or, rompre une relation abusive ou quitter son foyer n’est pas si simple : les victimes rencontrent non seulement de nombreux obstacles matériels (dépendance financière, manque de soutien externe et d’informations, mise en danger), mais peuvent aussi être piégées par un mécanisme d’emprise psychologique qui les amène à rester attachées à leur agresseur.

Combien de femmes touchées ?

Il est difficile d’avoir des statistiques exactes, car toutes les victimes de violence ne portent pas plainte et/ou ne se reconnaissent pas en situation de maltraitance. On sait cependant que la violence à l’encontre des femmes au sein du couple est loin d’être anecdotique. L’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes a relevé en Belgique en 2010 qu’une femme sur 7 avait été confrontée à au moins un acte de violence de la part de son (ex-)partenaire au cours des 12 derniers mois  ; en Wallonie en 2015, plus de 16 029 plaintes pour violences dans le couple (physique, psychologique, sexuelle, économique) ont été enregistrées (44 plaintes par jour) . En Belgique, 37 femmes ont été tuées par leur (ex-)compagnon en 2018, 121 en France. On parle désormais de féminicide [1] pour rendre visible ce que ce type de meurtre a de spécifique au genre : il ne s’agit pas de crimes passionnels, mais bien de haine des femmes.

Les fêtes, période à risque ?

Si les violences contre les femmes doivent nous préoccuper tout au long de l’année, il est bon de se montrer particulièrement attentive/tif durant ces périodes de fêtes, qui vulnérabilisent davantage les victimes. Les moments « festifs » peuvent même être propices à une augmentation des violences, en raison de la tension engendrée par les préparatifs et les conflits familiaux, et surtout en raison d’une consommation d’alcool poussée . Par ailleurs, les services d’accueil d’urgence ou lignes téléphoniques peuvent être en sous-effectif pendant les périodes de congés familiaux et de célébrations. La mobilisation visant à attirer l’attention des politiques sur l’urgence d’agir pour une meilleure protection des victimes et contre une éducation poussant les hommes à la violence est plus forte que jamais, comme nous l’aura rappelé le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes. En toutes saisons et circonstances, restons vigilant-e-s, informons, luttons contre les idées reçues sur les violences conjugales !

Si vous souhaitez vous informer et obtenir de l’aide : Le site de la FCPF-FPS : www.stopviolenceconjugale.be Le site du numéro vert écoute violences conjugales : https://www.ecouteviolencesconjugales.be/ ou au numéro : 0800/30.030 Le Centre de Prévention des Violences Conjugales et Familiales : http://www.cpvcf.org/

[1] Le féminicide, reconnu déjà comme crime spécifique dans plusieurs pays, est le meurtre d’une fille ou d’une femme pour un
motif lié à son genre (meurtre lié à l’honneur, meurtre à la suite de violences conjugales, tuerie de masse misogyne…).

Eva CottinAutrice