Plusieurs enjeux sociétaux majeurs de ces dernières années ont amené Solidaris à consacrer son Thermomètre 2023 à la question du lien entre le logement et la santé. Le logement joue un rôle extrêmement important sur notre santé. Il s’agit d’un déterminant non médical de la santé, reconnu comme tel par l’OMS.

Des inégalités flagrantes

Notre grande enquête a d’abord évalué, pour chaque répondant·e, la présence de plusieurs risques sanitaires potentiels dans les habitations, tels que l’humidité, l’exiguïté, ou encore la mauvaise isolation… Les résultats ont permis de calculer un score de qualité perçue, révélant que les conditions de logement varient considérablement d’un profil à un autre. La qualité de l’habitation et la santé sont intrinsèquement liées : 70 % des personnes vivant dans un logement de très bonne qualité se déclarent en bonne santé, contre seulement 42 % pour celles et ceux vivant dans un logement de très mauvaise qualité.

Notre Thermomètre démontre donc non seulement des constats alarmants en matière de santé et d’habitat, mais aussi une problématique plus vaste : celle des inégalités sociales. Ces dernières recouvrent de nombreuses dimensions telles que les inégalités économiques, éducatives ou de genre. Chacune d’entre elles affecte la qualité du logement et, par conséquent, la santé. Prenons quelques exemples. 21 % des Belges francophones ont un score de logement très mauvais. Cette proportion monte à 25 % pour les femmes, 30 % pour les familles monoparentales, 43 % pour les habitants de logements sociaux et 46 % pour celles et ceux qui craignent de basculer dans la précarité.

Il faudrait améliorer les logements pour une société plus équitable et durable

Examinons plus en détails l’inégalité de genre à la lumière des principaux résultats de notre enquête. Tout d’abord, 13 % des Belges francophones ont déclaré avoir déjà eu un problème de santé directement lié à leur logement. Ce chiffre atteint 16 % chez les femmes, 19 % au sein des familles monoparentales. Ensuite, nos résultats indiquent que les biens disponibles sur le marché locatif sont de bien moindre qualité que ceux occupés par leur propriétaire. Or, les femmes sont plus souvent locataires que les hommes. Non sans lien, 77 % des femmes considèrent qu’il n’y a pas suffisamment de logements de bonne qualité et accessibles financièrement ; 69% des hommes partagent ce point de vue. Dès lors, pourrait-on penser qu’être propriétaire est la solution ? Encore faut-il le pouvoir… En outre, notre enquête nuance cette idée, car des difficultés importantes existent aussi pour les propriétaires, particulièrement en fonction des conditions sociales. Parmi les femmes propriétaires, 76 % trouvent de plus en plus difficile de le rester, contre 64 % des hommes.

Par ailleurs, la qualité de l’habitation impacte aussi fortement la santé mentale de ses occupant·e·s. Parmi les problèmes de santé audités, c’est le type de pathologie qui est le plus corrélé au niveau de détérioration du logement. À ce sujet, 44 % des femmes déclarent qu’elles ou un membre de leur ménage ont été affectés par des problèmes de cet ordre au cours de l’année. Les hommes sont quant à eux 30 % à avoir partagé cette situation.

Somme toute, les femmes vivent et intègrent ces inégalités sur le long terme, seulement 57 % sont confiantes dans le fait de pouvoir toujours vivre dans un foyer confortable contre 66 % chez les hommes. Aussi, 84 % des femmes pensent que les inégalités en matière de logement sont vraiment importantes en Belgique contre 78 % des hommes.

Enfin, nous ne pouvions terminer cet article sans mentionner les enjeux environnementaux. Ces derniers sont intrinsèquement liés à la qualité de l’habitat, à notre santé et à notre avenir. Notre rapport, consultable sur le site de l’Institut Solidaris, approfondit ces questions essentielles. Pour combattre les injustices sous toutes leurs formes, intégrons une écologie respectueuse des inégalités sociales dans l’amélioration des logements pour toutes et tous. C’est l’une des clés d’une société durable !

Auteur
AuteurNathan Martin