Née en 1974 et dissoute en 2014, la maison des femmes, située au 79 rue du Méridien à Bruxelles, fut un lieu intense et joyeux d’actions féministes. Ensemble, des femmes prirent conscience collectivement de la domination masculine et s’organisèrent pour changer leur vie. Pour célébrer ses 50 ans, collectifs et associations d’hier et d’aujourd’hui se retrouveront le 16 novembre à la maison Amazone, située dans la même rue.

Un lieu chargé d’histoire

Le féminisme qui s’est déployé dans cette maison en reliant les associations féministes existant avant les années 70 (CFFB, À travail égal salaire égal, Groupement de la Porte ouverte, etc.) et les plus récentes (Groupe A, GRIF, etc.) s’est montré particulièrement novateur et créatif dans son action pour libérer les femmes de toutes les formes d’oppression.

Les activités de la maison en témoignent : permanence avortement pour permettre aux femmes d’interrompre leur grossesse ; auto-défense ; actions SOS viol ; projet de refuge pour femmes victimes de violences ; self-help ; permanence juridique ; halte-garderie. Dans l’espace non-mixte de la maison, des femmes se rencontraient, parlaient sans la médiation des hommes, se rendaient compte que leurs problèmes n’étaient pas strictement individuels mais avaient une dimension structurelle, sociale et que les résoudre exigeait un agir collectif. Divers groupes de femmes s’y réunissaient.

Il y eut des concerts, des expositions, des conférences sur les femmes et par des femmes. On y préparait des manifestations (pour la dépénalisation de l’avortement), on y recevait des délégations de femmes de pays étrangers, on y débattait du travail ménager, de l’appropriation de nos corps dans une société patriarcale, on s’y affrontait régulièrement sur la question du pouvoir au sein du mouvement, on y pleurait, on y riait et on y dansait.

Une journée pour célébrer les 50 ans de la maison

La journée du 16 novembre rassemblera celles qui ont participé aux publications, maisons des femmes et autres dans les années 1970, et celles qui sont actives aujourd’hui dans les nouveaux collectifs et groupes. Des échanges s’ensuivront sur les questions féministes à partir d’angles d’approche différents et dans une perspective intersectionnelle. Si certaines revendications qui étaient des priorités des années ‘70 ont été rencontrées (contraception, avortement), d’autres existent toujours (suppression de la violence et des inégalités économiques et sociales) et de nouvelles questions ont surgi, liées à la perspective décoloniale, à la critique de l’hétérosexisme.

Les femmes découvrirent dans les années ‘70 non seulement la force mais aussi la joie profonde que donne la participation à un mouvement qui travaille à changer immédiatement et à long terme les rapports hiérarchiques entre les femmes et les hommes.

C’est cette énergie que nous voulons partager le 16 novembre en faisant la fête.

Nous vous accueillerons avec des sons et des images de l’époque pour célébrer notre matrimoine. Maria Cabadi, chercheuse, présentera ses travaux sur les maisons des femmes en Belgique, France et Grande-Bretagne dans les années ‘70. Une place sera accordée aux bulletins de la maison des femmes qui constituent une source pour retracer l’expérience novatrice de la maison de la rue du Méridien. Un grand débat donnera la parole aux anciennes et aux nouvelles féministes sur des thématiques comme les espaces pour les femmes, la dénonciation et l’action contre toutes les formes de violence. L’après-midi, des ateliers proposeront aux femmes présentes de fabriquer une fanzine sur le thème d’un monde meilleur, ou d’arpenter le livre de Marie Denis « Dis Marie, c’était comment la rue du Méridien 79 ? », ou encore de préparer une ou plusieurs chansons féministes. Nous terminerons en cortège et en musique en allant accrocher symboliquement à la façade du 79 rue du Méridien une plaque commémorative de la première maison des femmes.

Date : le samedi 16 novembre de 10 à 17 heures
Lieu : L’ AVG-Carhif (Archief- en onderzoekcentrum voor VrouwenGeschiedenis – Centre d’Archives et de Recherche pour l’Histoire des Femmes) est situé à Amazone, 10 rue du Méridien, 1210, Bruxelles.
Tél : 02/229.38.31
Infos et inscriptions 

Autrice
AutriceNadine Plateau