Éléonore Stultjens a travaillé chez Soralia durant quelques années, au sein de notre service Etudes, avant de changer complètement d’orientation professionnelle et de s’orienter vers les métiers de l’informatique. Elle a décidé de suivre une des formations que propose l’ASBL Interface3. Elle nous raconte son parcours.

Éléonore, qu’est-ce qui t’a poussée à ouvrir les portes du Centre de formation Interface3 ?

À la fin de mes études en 2016, en pleine recherche d’emploi, j’ai eu l’opportunité de suivre un module d’initiation aux métiers de l’informatique chez Interface3. C’était une formation courte de 5 semaines qui offrait une découverte des bases du développement web. Interface3 est un organisme qui propose des formations exclusivement aux femmes, avec pour objectif de promouvoir l’égalité entre les sexes dans des métiers encore dominés par les hommes. La palette de formations est très variée : technicienne support PC & réseau, administratrice système & réseau ou encore développeuse de jeux vidéo ou d’application web. Cette offre permet d’ouvrir aux femmes des perspectives dans des secteurs en demande et offrant une certaine stabilité.
J’ai choisi Interface3 pour plusieurs raisons. D’abord, la formation “Web Application Developer”, que j’ai suivie, a fait ses preuves depuis son lancement en 2001, avec un taux d’emploi post-formation très encourageant. Ensuite, la pédagogie m’a séduite : l’apprentissage en non-mixité, dans des petites classes, avec des cours variés et une approche très pratique. Nous étions 15 femmes dans ma classe, ce qui créait un environnement où l’on se sentait plus libre de poser des questions, de faire des erreurs, et de s’impliquer activement. Au sein de beaucoup d’écoles, les hommes sont surreprésentés et prennent souvent plus de place, notamment parce que le domaine de l’informatique et des sciences leur est déjà familier. Dans ce cas, les femmes peuvent se sentir inférieures et décider de ne pas poursuivre leur cursus. Et il n’est pas rare d’entendre des remarques sexistes… Dans une formation en non-mixité, on peut vraiment se concentrer sur l’apprentissage sans être freinée par ces discriminations.

Quel est ton métier aujourd’hui ?

Je suis développeuse web. Mon rôle consiste à créer et maintenir des applications accessibles via un navigateur web, qui permettent aux utilisatrices·teurs d’interagir avec différents services. Cela implique de travailler autant sur l’aspect visuel (“front-end”) que sur le côté technique invisible (“back-end”). Par exemple, lorsqu’une personne remplit un formulaire en ligne, elle interagit avec la partie visible de l’application. Les données saisies sont ensuite traitées et éventuellement stockées dans une base de données, ce qui relève du “back-
• Interview réalisé par Stéphanie Jassogne • Chargée de communication Soralia •
Éléonore Stultjens a travaillé chez Soralia durant quelques années, au sein de notre service études, avant de changer complètement d’orientation professionnelle et de s’orienter vers les métiers de l’informatique. Elle a décidé de suivre une des formations que propose l’ASBL Interface3. Elle nous raconte son parcours.
end”. Mon quotidien consiste à maintenir des applications existantes en corrigeant des bugs ou en apportant des améliorations au code, à gérer des bases de données et à développer de nouvelles fonctionnalités ou de nouvelles pages web selon les besoins.

En tant que jeune femme dans un métier genré au masculin (il y a seulement 20 % de femmes dans les métiers de l’informatique), as-tu été confrontée à des discriminations ou à des réflexions sexistes ?

J’ai été très tôt sensibilisée aux questions de genre. Après avoir travaillé dans un environnement féministe et étudié dans un centre de formation réservé aux femmes, j’étais particulièrement consciente des discriminations potentielles dans le secteur IT. J’appréhendais donc un peu d’intégrer un environnement majoritairement masculin. Heureusement, ma première expérience professionnelle est très positive et rassurante. Je travaille dans une équipe de 16 personnes dont 6 sont des femmes. Deux d’entre elles ont d’ailleurs suivi la même formation « Web Application Developer » chez Interface3. L’équipe est bienveillante, et mes collègues masculins sont toujours prêts à aider.

Qu’as-tu envie de dire aux femmes qui n’osent pas franchir le pas des métiers des TIC (technologies de l’information et de la communication) ?

Je leur dirais d’oser franchir le pas ! L’idéal, si possible, serait de commencer par un module d’orientation, comme celui proposé par Interface3, pour découvrir si ce secteur leur plaît et si cela correspond à ce qu’elles avaient imaginé. Il existe aussi de nombreux tutoriels et de ressources en ligne pour apprendre les bases de la programmation gratuitement, mais suivre ce module d’orientation permet de bénéficier d’un accompagnement et de poser directement des questions aux formatrices·teurs. Elles peuvent aussi contacter des femmes qui travaillent déjà dans le domaine des TIC, via LinkedIn par exemple, pour échanger sur leur expérience et obtenir des conseils. Et finalement, au moment de la recherche d’emploi, il est important de choisir une entreprise avec des valeurs qui nous conviennent et de vérifier, lors des entretiens, si l’ambiance de travail est bienveillante. Il y a suffisamment d’opportunités dans ce secteur pour trouver un environnement qui nous corresponde. Plus nous serons nombreuses à nous lancer dans les TIC, plus le secteur sera équilibré, et les technologies seront construites autant par des femmes que par des hommes.

Stéphanie Jassogne
Stéphanie JassogneAutrice