Analyse réalisée par Sandra Roubin
Dans la nuit du 31 décembre 2015 au 1er janvier 2016, de nombreuses agressions ont eu lieu à Cologne et dans quelques autres villes allemandes dans une moindre mesure. En date du 5 avril, l’on comptabilise 1527 plaintes déposées à la suite de cette soirée du nouvel an, dont 921 pour vols et 626 à caractère sexuel, allant de l’insulte au viol.
Suite à ces évènements, beaucoup d’encre a coulé et chacun y est allé de son analyse (médias, politiques, société civile,…). Les agressions, commises en partie par des « personnes d’origine étrangère » (tel que formulé dans la presse), ont été récupérées et instrumentalisées par l’extrême-droite et la presse à sensations à des fins de stigmatisation. Le débat a ainsi dangereusement glissé sur l’accueil, jugé par certains comme « trop généreux », des réfugiés en Europe. La police a également contribué à cette stigmatisation des migrants en déclarant peu après les faits que la plupart des agresseurs étaient des réfugiés syriens, alors que les dernières statistiques ne cessent de contredire cette allégation.Certaines sources policières avaient aussi affirmé dans les premiers temps de l’enquête que les auteurs voulaient essentiellement s’en prendre sexuellement aux passantes et non les voler. Une information à nuancer quand on constate que les agressions sexuelles représentent 41% des agressions.
L’extrême-droite s’est ainsi saisie de cette actualité pour étayer son discours raciste sur les réfugiés : Nicolas Bay, du FN français, pose la question suivante sur Twitter : « Allemagne : agressions, vols, viols… Qui osera encore nier le lien entre immigration et insécurité ? ». Marion Maréchal Le Pen rejoint son collègue du FN en affirmant que ce « phénomène d’émeutes sexuelles de masse » est le résultat d’un « droit d’asile totalement dévoyé ».
En Belgique, Filip Dewinter, du Vlaams Belang, a clairement fait un lien entre les agressions de Cologne et l’islam quand il s’est exprimé à la Chambre le jeudi 7 janvier 2016.
Théo Francken n’a pas non plus caché son appréciation de la situation en suggérant d’instaurer un cours du respect de « la » femme juste après les évènements de Cologne, stipulant que c’est uniquement le comportement des réfugiés qui est problématique. En Allemagne par exemple, Angela Merkel s’est positionnée d’une manière assez ambiguë vis-à-vis de ceux-ci. Selon elle, « si les réfugiés ont commis un délit », cela doit « avoir des conséquences, (…) cela veut dire que le droit (de séjour) doit s’arrêter s’il y a une peine de réclusion ou même avec sursis ». Décider d’expulser les réfugiés auteurs de délits juste après les évènements de Cologne pose question quant à la représentation que la chancelière se fait de ces derniers.
Lire l’analyse complète publiée en avril 2016 : analyse2016-feminisme-extreme-droite