Analyse réalisée par Françoise Claude
Les femmes sont discriminées sur le marché de l’emploi, les personnes d’origine étrangère aussi, mais alors qu’en est-il des femmes d’origine étrangère ?
Femmes d’origine étrangère, de qui parlons-nous ? Catégorie très hétérogène et aux contours plutôt flous ! Pas seulement des femmes dont la carte d’identité n’est pas belge : beaucoup le sont, et pourtant occupent la même place sur le marché de l’emploi que celles qui ne le sont pas. Pas non plus des femmes voilées, celles qui occupent une place de choix dans nos stéréotypes mais ne représentent qu’une très faible partie des femmes d’origine étrangère. Pas forcément sous-scolarisées, chargées d’enfants, modestes et peu insérées socialement. Cela aussi, ce sont nos stéréotypes.
Avant de se lancer dans un sujet comme celui-là, une précision s’impose. On parle ici d’emploi, il est donc important de ne pas s’en tenir aux aspects « ethniques » mais de garder à l’esprit les discriminations sociales. Comme on le verra, les origines apparentes des personnes sont manifestement un déterminant pour l’accès à l’emploi, mais ce n’est pas le seul. Toutes les femmes d’origine étrangère ne sont pas logées à la même enseigne : leur situation varie selon leur niveau de diplôme, le soutien éventuel d’un réseau efficace, le secteur économique dans lequel elles recherchent ou possèdent un emploi, etc. Cela est vrai pour nous toutes et tous, mais il est essentiel de rappeler ici que le groupe « femmes d’origine étrangère » n’est pas une catégorie homogène, sauf à considérer que l’origine des personnes suffit à les définir, ce qui confinerait au racisme.
Pour celles qui n’ont pas la nationalité belge, les personnes d’origine étrangère rencontrent, en plus, des difficultés spécifiques liées à leur nationalité : renouvellement du permis de travail et autres tracasseries. Cela concerne évidemment plus les personnes de nationalité hors Union Européenne.
Belges, d’origine européenne ou non, nombre d’entre elles pâtissent de la non reconnaissance d’un diplôme acquis à l’étranger. Et, bien sûr, elles sont aussi tributaires de l’image mentale que des « indicateurs » tels que leur nom, leur couleur de peau, leur accent va éveiller chez les employeurs potentiels. Les préjugés sont à l’oeuvre.
Les femmes, qu’elles soient ou non victimes de racisme, sont évidemment en butte aux préjugés sexistes, comme nous toutes : qu’on soit en âge d’en avoir, qu’on en ait déjà ou qu’on en ait eu, certains employeurs redoutent grandement nos enfants et le temps qu’ils risquent d’ « accaparer » sur celui que nous leur devons. Et là aussi, les stéréotypes sexistes s’ajoutent aux stéréotypes ethniques : d’une femme d’origine étrangère, on craint encore plus que la famille, le mari, les enfants prennent le pas sur l’assiduité professionnelle.
Lire l’analyse complète publiée en 2013: Analyse2013-femmes-immigree2