Analyse réalisée par Perrine Crevecoeur, Solidarité Socialiste
Le constat est accablant : toutes les 90 secondes une femme meurt suite à des complications qui interviennent durant la grossesse, l’accouchement ou les six semaines suivant celui-ci. 90% de ces décès ont lieu dans les pays en développement. La mortalité maternelle est parmi les problèmes de santé qui révèlent le plus large fossé entre riches et pauvres. C’est pour cette raison que sa réduction est devenue l’un des huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui se donne pour but de réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle. Depuis 1990, on estime aujourd’hui que les décès maternels ont reculé de 45% à l’échelle mondiale.
Cependant, sur les 289 000 décès maternels qui se sont produits en 2013 à travers le monde, plus de la moitié surviennent sur le continent africain et, hélas, ce tableau n’est pas en voie d’amélioration. Même si les OMD ciblent une réduction annuelle moyenne de 5,5 %, la réduction moyenne annuelle actuelle dans la région africaine a été de 2,6 % de 1990 à 2013. Plus de la moitié des décès maternels surviennent dans un délai de 24 à 48 heures après l’accouchement, suite à des complications allant de l’hémorragie post-partum à la septicémie et aux troubles hypertensifs. Certaines mères africaines perdent simplement leur sang après l’accouchement jusqu’à en mourir, faute d’agents de santé qualifiés pour leur prêter assistance. Selon les estimations, environ un quart des décès maternels pourrait être évité grâce à des soins obstétriques d’urgence. La situation est encore plus tragique, quand on pense qu’il est possible de prévenir dans une large mesure la mortalité maternelle, comme en atteste la disparité mondiale observée. En effet, en Europe, la mortalité maternelle est un fait rare, à raison de seulement 20 décès pour 100000 naissances vivantes contre 480 décès pour 100000 naissances vivantes dans la région africaine, taux le plus élevé de toutes les régions au monde.
Le statut socio-économique est l’un des déterminants majeurs concernant la santé. Les différences entre les causes de mortalité dans les pays à revenus élevés et les pays à faibles revenus l’illustrent bien : d’un côté, la plupart des décès surviennent après 60 ans, et sont dus à des maladies non transmissibles (accidents vasculaires, cancers, …) ; de l’autre, la majorité des décès sont observés chez les fillettes, les adolescentes et les jeunes femmes et sont le fait d’affections maternelles ou périnatales et de maladies transmissibles (VIH/sida, infections des voies respiratoires, diarrhées, …) pour 38 % du total des décès féminins selon les chiffres de 2007.
Lire l’analyse complète publiée en 2014 : Analyse2014-sante-maternelle-Senegal