Analyse réalisée par Françoise Claude
Ce texte a été publié la 1ère fois par Espace de liberté, mensuel du Centre d’Action laïque. Novembre 2014, n°433.
Si le concept de genre implique la prise en compte des rôles différenciés que la société attribue aux femmes et aux hommes et les normes sociales communément admises, on ne peut se contenter de les observer, voire de les déconstruire, sans les relier à la situation socio-économique et aux rapports sociaux qu’ils entraînent.
Dans les années ’30 déjà, l’anthropologue américaine Margaret Mead rappelait que les rôles attribués aux femmes et aux hommes pouvaient varier du tout au tout selon les sociétés étudiées. Mais pour elle, cette assignation de chaque sexe à des rôles précis n’impliquait pas en soi de domination de l’un sur l’autre. La poursuite des recherches de genre met aujourd’hui en évidence l’inégalité qui préside aux rapports entre le « masculin » et le « féminin ». Je citerai ici en particulier l’anthropologue française Françoise Héritier, qui a développé le concept de valence différentielle des sexes : non seulement les caractéristiques attribuées par une société aux hommes et aux femmes sont différentes, mais de plus tout ce qui relève du masculin est connoté plus positivement que ce qui relève du féminin.
Qui porte la culotte ?
On constate cette hiérarchie dans les représentations que l’on se fait des deux sexes: les femmes seraient « naturellement » fragiles (le sexe faible), peu fiables (« souvent femme varie »), peu capables d’abstraction (mauvaises en maths), très attachées aux jeunes enfants et aptes aux soins qu’ils nécessitent (le fameux instinct maternel prétendu inné chez les femmes, construction sociale à laquelle il faut tordre le coup3), moins motivées par l’argent que par l’altruisme, attendant d’un homme qu’il les entretienne, peu combatives et donc peu attirées par le pouvoir etc.
Lire l’analyse complète publiée en 2014 : Analyse2014-genre et justice sociale