Analyse réalisée par Julie Gillet
Où sont les femmes ?
En octobre 2013, le Vif L’Express publiait, à l’occasion de son 30e anniversaire, « 30 grands entretiens ». Woody Allen, Amin Maalouf, François Mitterrand : que du beau monde, philosophes, cinéastes, politiciens… et deux femmes, seulement ! Françoise Barré-Sinoussi et Jane Fonda. Dans le classement des « 100 Belges de 2013 » publié fin décembre 2013 par le Soir, à peine une petite vingtaine de femmes.
Ces quelques exemples récents sont significatifs de la place accordée aujourd’hui encore aux femmes dans la société. Rendues invisibles, sous-représentées, elles peinent à se faire une place, et ce malgré les nombreuses conquêtes légales en faveur de l’égalité de ces 40 dernières années. Par ces « oublis », ces absences répétées, les femmes n’apparaissent pas dans la conscience collective comme actrices de la société, de l’histoire et de leur propre vie. Aux hommes, l’action, l’aventure et le prestige. Aux femmes, les rôles de l’ombre, l’abnégation, le soutien inconditionnel. Difficile dès lors pour les petites filles de rêver être cheffe d’entreprise, femme politique ou économiste réputée…
La sous-représentation généralisée des femmes que l’on peut facilement observer dans les médias se retrouve dans les manuels scolaires (Voir notre analyse sur le sujet: « Les livres d’école : portraits d’enfants modèles ») , et plus particulièrement dans les cours d’histoire enseignés dans nos écoles. Là où Napoléon, Jules César ou Freud font l’objet de grands dossiers thématiques, à peine quelques pages sont consacrées à Cléopâtre, Jeanne D’Arc ou Marie Curie. Quant aux paysans, artisans, commerçants… rares sont ceux évoqués au féminin. Les femmes sont tout simplement « invisibles ». Et quand on parle – enfin – des femmes, c’est principalement pour souligner leur cupidité, leur frivolité ou leur fourberie, parfois leur beauté. Très rarement pour louer leur esprit ou leur bravoure.
Cette sous-représentation, ainsi que les stéréotypes de genre qui en découlent, constituent de réels freins à la construction d’une société égalitaire. Hommes et femmes se voient doter de caractéristiques invariables auxquelles ils se doivent de répondre : douceur et humilité pour les femmes, agressivité et ambition pour les hommes, par exemple. Or, ces stéréotypes de genre inculqués dès le plus jeune âge vont entrainer foule d’inégalités, dans des domaines aussi vitaux que l’accès à l’emploi et aux postes de décision. Ils vont justifier les différences salariales, la prise en charge inégalitaire des responsabilités familiales et domestiques.
Lire l’analyse complète publiée en 2014 : Analyse2014-femmesethistoire