Analyse réalisée par Françoise Claude
Du temps pour soi, une maison bien entretenue, la possibilité d’aller chercher les enfants à l’école et de leur préparer à goûter (et, bien sûr, d’éviter au mari les corvées ménagères et les soins aux enfants), tout cela en percevant un (petit) revenu et en gardant un pied dans le monde du travail : n’est-ce pas l’idéal, « pour une femme » ? C’est en tout cas ce qu’on nous a vendu dans les années 80’-90’. Il faut dire qu’à l’époque, on y a mis les formes : jusqu’en 1992, les personnes travaillant à temps partiel bénéficiaient toutes d’une allocation de chômage complémentaire, pour autant que leur revenu du travail n’atteigne pas le revenu minimum moyen. On confirmait ainsi que le standard « normal » du contrat d’emploi était bel et bien le temps plein, et que le temps partiel n’était qu’un risque qui devait être couvert par la Sécurité sociale.
Mais cela ne devait pas durer : dès 1998, Miet Smet (CD&V), ministre de l’Emploi et de l’Égalité des chances (!), estimait qu’il fallait « un emploi et demi par couple ». La tendance se confirme rapidement : les employeurs en quête d’emploi flexible, et les femmes débordées par la multiplicité de leurs tâches, sautent sur la perche qui leur est tendue. Mais les choses se gâtent rapidement, car pas à pas les gouvernements successifs réduisent drastiquement l’accès à ces allocations, pour en arriver à la situation actuelle : l’accès à l’AGR (Allocation de garantie de revenu) n’est plus attribué qu’à un faible pourcentage des travailleuses à temps partiel. C’est ainsi qu’en 2007, la sénatrice CDh Anne Delvaux rappelait que [en] 2005, on comptait environ 48 000 personnes bénéficiant de l’AGR sur 800 000 salariés travaillant à temps partiel, soit environ 5,9 % des travailleurs à temps partiel.
C’est qu’entretemps, le temps partiel est devenu un système, et des secteurs entiers de l’économie en ont fait un de leurs piliers : la grande distribution, par exemple, le nettoyage, l’HORECA… La Sécurité sociale s’est débarrassée de ce lourd fardeau, les employeurs n’ont pas mis plus la main à la poche, il reste donc un seul acteur pour payer la note : les travailleuses elles-mêmes.
Lire l’analyse complète publiée en 2014 : Analyse2014-Revendications-egalite