Analyse réalisée par Eloïse Malcourant
La « reconnaissance des enfants mort-nés » est à l’ordre du jour dans l’accord gouvernemental conclu au niveau fédéral et dans l’exposé d’orientation du ministre de la Justice, Koen Geens.
Le sujet étant inscrit dans l’accord gouvernemental les propositions de loi sur le sujet se multiplient à la Commission Justice de la Chambre. Ces propositions réclament des mesures afin d’aider les personnes confrontées à une fausse couche avant le 6ème mois de grossesse. Notre analyse examine ces textes afin d’expliquer en quoi ils constituent une attaque indirecte au droit à l’avortement.
En effet, à en croire ces propositions de loi, une femme pourrait dans le même délai avorter, déclarer une naissance et enregistrer son décès. Il semble important que les femmes souhaitant avorter ne soient pas jugées ou culpabilisées. Elles doivent pouvoir vivre leur décision de poursuivre leur grossesse ou non sans pression et sans culpabilisation. Or, nous estimons que le fait de donner un statut au fœtus et de le personnifier, constitue un moyen de pression visant indirectement à culpabiliser les femmes ayant décidé de ne pas poursuivre une grossesse.
Bien entendu, nous ne remettons pas en cause les possibles difficultés émotionnelles et psychologiques que vivront certaines personnes ayant été confrontées à une fausse couche. Ainsi, pour ceux qui en manifestent le besoin, le processus de deuil sera facilité par la possibilité de s’adonner à des rites symboliques comme nommer ou enterrer leur fœtus. Mais, nous estimons que le processus de deuil est personnel. En effet, tous les parents qui se retrouvent un jour dans cette situation ne ressentent pas le besoin de se soumettre à de tels rites.
En tant que mouvement militant pour le droit à l’avortement, nous devons rester vigilants face à ces propositions de loi souhaitant personnifier le fœtus car il s’agit de menaces à l’égard du droit à l’IVG. L’avortement est une question actuelle et essentielle pour les femmes d’aujourd’hui. L’accès à l’avortement est un droit fondamental devant être accessible à toutes les femmes, sans pression sociale, sans tabou et sans culpabilisation. L’IVG est un choix personnel qui doit être protégé.
Lire l’analyse complète publiée en juin 2015 : Analyse2015-statut-foetus