Analyse réalisée par Aurore Schreiber de Solidarité Socialiste
L’histoire du féminisme en Occident tend à démontrer une certaine unité dans la compréhension même du concept à travers nos pays, mais qu’en est-il ailleurs ? La tendance est à ne pas concevoir les différentes luttes des femmes dans le Sud comme du féminisme car elles n’en revêtent pas toujours tous les aspects qu’on lui prête. Pourtant le féminisme prend de nombreux visages de par le monde, selon la culture ou les enjeux locaux.
Beaucoup de féministes occidentales ont longtemps contesté l’existence de féminismes africains. Pourtant, le féminisme existe en Afrique au moins depuis l’époque de la Reine Nzinga (1583 – 1663) de l’actuel Angola, connue pour ses compétences politiques et diplomatiques ainsi que pour sa brillante tactique militaire, ou d’Yaa Asantewaa (1840 – 1921) du Ghana qui mena la rébellion Ashanti contre les colons de l’Empire britannique.
Au 20ème siècle, alors que les femmes occidentales luttaient pour leurs droits à la citoyenneté (droit de vote) ensuite pour les droits liés à la famille (divorce, fin de la tutelle des maris) et au contrôle de leur corps (IVG, contraception, …), celles du Sud luttaient contre les colonisateurs pour l’indépendance de leurs pays. En effet, durant la colonisation, les femmes étaient souvent doublement victimes, subissant de nombreuses violences sexuelles de la part de l’occupant qui cherchait à déstructurer les tissus sociaux. Par la suite, dans les années ‘60, la quasi-totalité des états nouvellement indépendants ont mis directement en place le suffrage universel, ce n’était donc plus un droit à conquérir pour la femme africaine. Aujourd’hui, parmi les différents combats menés par les femmes africaines, deux semblent particulièrement les mobiliser: l’accès à la terre pour les femmes rurales d’une part ; la protection et la réhabilitation de la femme dans les zones de guerre de l’autre.
L’accès à la terre est un problème auquel les femmes sont confrontées depuis toujours en Afrique. Dans de nombreux pays africains, l’économie est essentiellement basée sur l’agriculture et l’élevage. Ainsi la terre est une ressource fondamentale pour le développement d’activités économiques, en particulier en milieu rural et par conséquent, un enjeu clé pour l’émancipation des femmes. Les femmes rencontrent pourtant de nombreuses barrières pour accéder à ces terres, qu’elles soient d’ordre traditionnel, politique ou culturel. La pression mise sur les gouvernements sur cette question a permis d’avancer dans ce domaine, mais si des lois permettant aux femmes d’accéder aux terres existent, leur mise en oeuvre effective tarde souvent, et les mentalités changent peu sur cette question.
Lire l’analyse complète publiée en décembre 2015 : Analyse2015-feminisme-en-afrique