Analyse réalisée par Julie Gillet
Instituteurs et puériculteurs dans l’ombre
Alors que sur le seul mois de septembre 2015, une petite dizaine d’articles sont parus dans la presse belge à propos de femmes occupant des postes traditionnellement réservés aux hommes, à peine deux ont été consacrés à des hommes exerçant des professions dites féminines, à savoir des instituteurs primaires. Aussi, alors que nous avons facilement pu trouver sur Internet de nombreuses photos mettant en avant le travail des femmes dans la construction ou la sécurité, il en existe très peu mettant en scène des hommes dans les secteurs de la petite enfance ou des soins aux personnes. Bref, alors que les soldates, pompières et ouvrières suscitent régulièrement l’admiration, les puériculteurs, infirmiers et esthéticiens restent dans l’ombre.
Avant d’aller plus loin sur les possibles causes de cette situation, quelques chiffres: en 2014, les sages-femmes, les diététiciennes, les aides de ménages, les couturières, … sont encore presqu’exclusivement des femmes (plus de 95%). Plus globalement, les secteurs des soins de santé, des soins aux personnes et de l’enseignement comptent plus de 80% de femmes dans leurs rangs. A l’opposé, les hommes sont surreprésentés dans certains secteurs, comme le bâtiment, les nouvelles technologies et les filières scientifiques : c’est ce que l’on nomme la ségrégation horizontale du marché de l’emploi. Elle peut notamment s’expliquer par le poids des stéréotypes qui pèsent sur les femmes et les hommes depuis l’enfance, éduquant les premières dès leur première poupée au soin des autres, les seconds à la conception de plans dès leur premier jeu de construction.
Le problème est que cette ségrégation est vectrice d’inégalités. Aujourd’hui, en Belgique, l’écart salarial moyen entre les femmes et les hommes est toujours de 20%. Or, la ségrégation horizontale du marché de l’emploi est une des principales causes de cette inégalité. En effet, les secteurs majoritairement féminins sont également les secteurs les moins valorisés économiquement. Un jeune informaticien gagnera ainsi généralement bien mieux sa vie qu’une jeune infirmière.
Lire l’analyse complète publiée en novembre 2015 : Analyse2015-hommes parmi les femmes