Analyse réalisée par Françoise Claude
Une version courte de ce texte a été publiée dans Femmes Plurielles n° 50, juin 2015
La bonne mère a les poches vides…
Dans l’ensemble des discours religieux, l’existence des femmes (de LA FÂÂME), dans le « projet divin », se justifie essentiellement par la maternité. Y compris dans le sens philosophique du mot « essentiel » : pour les religieux, les hommes et les femmes ne participent pas tout à fait de la même essence, l’essence de la femme gravitant toujours, de près ou de loin, autour de son devoir sacré de mère. Le contrôle des corps et des sexualités, et y compris pour les femmes le contrôle de leur fertilité, est au fondement de la plupart des grandes religions du monde, qui s’en sont auto-proclamées les gardiennes exclusives.
Sexe faible, mère courage et fruit défendu
Leur inébranlable opposition à la contraception et à l’IVG, leur insupportable ingérence dans la liberté humaine s’analyse d’abord sous cet angle. Les États, même ceux qui se déclarent laïques et/ou neutres, sont encore largement imbibés de ces arguments d’autorité. Et pourtant la laïcité est une condition sine qua non de la liberté sexuelle des femmes, de leur droit à maîtriser leur fécondité et de la libre disposition de leur corps. Si le religieux intervient dans le politique, il ne peut que s’opposer à ces libertés. Sous cette autorité de droit divin, l’assignation des femmes à la maternité et à la sphère privée, le contrôle de leur sexualité et de leur fécondité prennent les doux noms de virginité, instinct maternel, devoir conjugal, dévouement, don de soi, sexe faible, pudeur, voilement, Ève tentatrice, péché de chair et autres fruits défendus…
Mais pour les religieux, l’ « essence féminine » ne se limite pas à un strict devoir de chasteté, d’obéissance et de sacrifice. Elle se prolonge tout au long de la vie, avec ses conséquences sociales, politiques et économiques. Toutes les religions donnent aux hommes et aux femmes des rôles différents dans la société, et excluent très largement, voire totalement, les femmes de leur pouvoir interne et de l’accès à leur sacré. Un état vraiment laïque devrait donc mettre en place les conditions pour que les femmes (et les hommes) aient le droit et la possibilité de s’émanciper de la religion. Il doit garantir la totale liberté de cette démarche, et traquer les survivances de la soi-disant essence féminine dans ses moindres recoins.
Dans notre pays, de grandes avancées ont été réalisées à ce sujet (avortement, contraception, divorce, liberté sexuelle et vestimentaire). Mais des recoins, il en reste : le fait qu’en Belgique la femme voulant avorter doive encore arguer d’un « état de détresse », est une véritable négation de son libre choix. La France et le Luxembourg (qui a en outre sorti complètement l’IVG de son Code Pénal) ont récemment supprimé cette exigence.
Lire l’analyse complète publiée en juin 2015 : Analyse2015-laicite