Analyse réalisée par Françoise Claude
La question du sort des personnes souffrant de grande dépendance, et de la façon dont la société les prend en charge (ou pas), ne concerne que quelques dizaines de milliers de personnes dans notre pays, mais elle concentre des enjeux de tout première importance.
Une fois de plus, exactement comme pour l’accueil des enfants (crèche ou extra-scolaire), la société se décharge sur les familles – les femmes – de ses responsabilités collectives, sachant que leur flexibilité face à l’emploi servira de « variable d’ajustement ». Les femmes acceptent, souvent par manque d’autres possibilités, des emplois à temps partiels, des horaires décalés, des contrats précaires voire le retrait total du marché du travail. Culturellement moins soumises que les hommes aux exigences de compétition et d’enrichissement, plus incitées qu’eux à sacrifier leur revenu au bénéfice de leur famille, elles se retrouvent souvent coincées entre leur désir d’autonomie financière et d’activités personnelles, et le devoir maternel ou filial, devoir qui est beaucoup plus attendu d’elles que des hommes.
Si de nombreuses femmes n’acceptaient pas de renoncer à tout ou partie de leur revenu et de leur vie personnelle, pour répondre aux besoins de leur enfant handicapé ou d’un adulte dépendant ou très âgé, la situation deviendrait vite socialement intolérable.
Aidantes proches ou chômeuses de sous-catégorie ?
Les conditions de vie de celles qui se consacrent ainsi à un proche, le fait qu’elles aient peu de couverture sociale et soient souvent dépendantes financièrement a mené certaines d’entre elles à s’associer pour porter plus efficacement leurs revendications politiques.
En 2014, la Belgique s’est dotée d’une loi reconnaissant l’existence de cette catégorie de personne. Malheureusement cette loi est très générique et ne donne aucun droit subjectif à ces aidants proches, qu’elle définit d’ailleurs de manière assez vague.
Le débat a à nouveau fait la une des médias début 2015, suite à la suppression par le gouvernement du statut de « chômeur dispensé de recherche d’emploi pour raisons sociales et familiales ». Il s’est révélé alors que sous ce statut se trouvait en fait un certain nombre de personnes occupant à temps plein la fonction d’aidante proche dans leur famille.
Lire l’analyse complète publiée en mai 2015 : Analyse2015-aidantes proches