Une analyse rédigée par Eva Cottin
Et si l’expertise n’était pas réservée à des personnes ayant une formation universitaire et des diplômes ? Et si l’on pouvait transformer un vécu difficile en possibilité d’aider d’autres personnes confrontées aux mêmes problématiques, et reconnaître les compétences acquises dans l’urgence et l’obligation de débrouille ? C’est ce à quoi encourage l’idée de pair-aidance : formaliser voire professionnaliser les compétences issues d’un vécu de grande difficulté psychologique ou économique (troubles psychiques, addictions, dettes, vie à la rue, etc.) et se servir des savoirs pratiques, humains, émotionnels acquis au fil de cette expérience pour aider à son tour des personnes traversant les mêmes difficultés. Il s’agit de créer un intermédiaire, un pont, entre les équipes soignantes / sociales et les personnes concernées encore empêtrées dans de grandes difficultés, n’ayant pas trouvé une stabilité ; ainsi que de permettre à des personnes de donner un sens nouveau aux épreuves traversées et de retrouver une place au sein de la société sans avoir à renier leur passé.
Cette analyse revient sur le développement du concept de pair-aidance, ses pratiques actuelles en Belgique francophone, sa pertinence dans notre système de santé, et enfin sur ses enjeux militants, qui ne sont pas sans rappeler certaines dynamiques des mouvements féministes.