En tant qu’Organisation de Jeunesse mutualiste, Latitude Jeunes ASBL se positionne en faveur de la réforme des rythmes scolaires1, car elle semble mieux rencontrer les besoins des enfants et des jeunes de l’enseignement obligatoire. La santé et le bien-être de nos publics étant centraux dans nos combats, nous adhérons à cette nouvelle organisation. Plusieurs éléments nous font cependant tiquer quant à sa mise en place.
Au début du printemps de cette année, et à la grande surprise de beaucoup d’actrices et d’acteurs du monde de la Jeunesse, le monstre du Loch Ness a passé la tête hors de l’eau : la réforme des rythmes scolaires en Fédération Wallonie-Bruxelles était votée ! Si le projet était dans les cartons depuis de longues années et avait pris une tournure plus concrète avec la mise en place du Pacte pour un Enseignement d’Excellence à travers la com[1]mande d’une étude de faisabilité à la Fondation Roi Baudouin, les résultats principaux de celle-ci laissaient penser que le processus serait encore relativement long.
En effet, le rapport se concluait sur la nécessité de mener la ré[1]flexion sur cette réforme en y intégrant les enjeux liés à l’Accueil Temps Libre, avec une attention particulière pour l’accueil extrascolaire, et en mêlant au débat la nécessaire articulation entre le monde scolaire et les rythmes des adultes. Si on entre dans le détail du rapport, on découvre un grand nombre de conditions de réussite sine qua non, dont une partie conséquente n’est, à ce jour, pas respectée.
Des aspects organisationnels à clarifier
L’offre d’Accueil Temps Libre est-elle prête ? En tant qu’opératrice de centres de vacances résidentiels et non résidentiels, Latitude Jeunes a dû composer sur du très court terme, en période de pandémie et avec les difficultés supplémentaires que cela générait, une offre adaptée, à même de répondre aux besoins des familles. Mais organiser des séjours, des plaines et des stages, pour une Organisation de Jeunesse, c’est à la fois proposer des vacances à des enfants et des jeunes et permettre à d’autres jeunes de réaliser leur projet d’encadrement en tant qu’animatrices·teurs et coordinatrices·teurs. Une bonne partie de ces dernières·ers sont indisponibles puisqu’en cours d’études dans l’enseignement supérieur… ce qui pointe une autre lacune dans la manière dont la réforme a été menée : l’absence d’harmonisation des nouveaux rythmes avec ceux de l’enseignement supérieur. Les mécanismes de soutien financier de l’ONE serontils opérationnels pour venir en aide aux opérateurs qui proposeront une offre dès les congés d’automne ?
Si la question se pose au niveau des centres de vacances, il en va de même pour ce qu’on appelle l’accueil extrascolaire : les bâtiments qui reçoivent les enfants avant et après l’école, parfois partagés avec d’autres organisations proposant d’autres services, seront-ils disponibles ? Le personnel qualifié sera-t-il présent en suffisance ? Les écoles de devoirs seront, elles aussi, impactées de la même façon.
Au rythme des familles ?
En d’autres termes, l’offre d’Accueil Temps Libre sera-t-elle organisable financièrement, en temps et en heure, pour une adaptation aux nouveaux rythmes ? Si ce n’est pas le cas, les familles risquent d’être bien en peine de combiner travail et garde des enfants. De plus, quid de l’absence d’harmonisation entre les nouveaux rythmes en Fédération Wallonie-Bruxelles et ceux de Flandre ? Des parents ayant des enfants inscrits dans les deux communautés vont rencontrer de grandes difficultés organisationnelles. En tant qu’organisation défendant des valeurs féministes, nous craignons qu’une fois encore, ce soient les femmes qui supportent l’impact de ce petit bouleversement social. Étant déjà en pleine construction de sa réforme, le secteur de l’Accueil Temps Libre doit en même temps absorber celle-ci, créant une nouvelle période de flou et d’incertitude alors que nous émergeons à peine de 2 années déjà tellement troublées… N’est-on pas en train de confondre vitesse et précipitation ?
[titre] La réforme des rythmes scolaires a été mise en place pour permettre aux élèves en Fédération Wallonie-Bruxelles de la maternelle au secondaire supérieur un meilleur équilibre entre les temps scolaires et les vacances scolaires. A partir de la rentrée 2022, les vacances d’été sont raccourcies et les congés de d’automne et de détente sont rallongés d’une semaine.