Femmes divorcées, veuves, jeunes mères célibataires, victimes de violence… Dans les quartiers populaires de Casablanca, métropole marocaine qui concentre 10 % de la population du pays, les femmes ont souvent des histoires compliquées, mais elles se sont serré les coudes et entraidées pour aller de l’avant. AFAQ (Action Femmes des Associations des Quartiers du grand Casablanca), une organisation marocaine partenaire de l’ONG belge Solsoc, s’est donné pour rôle de mobiliser les femmes issues de ces quartiers précarisés. L’association leur permet de s’émanciper, de bénéficier de conditions de travail dignes, d’un accès à la protection sociale, de rêver grand et surtout d’un avenir meilleur pour les femmes marocaines.

L’émancipation économique comme premier outil de lutte des femmes

AFAQ fonde son approche sur le travail de proximité, l’éducation populaire, la participation de tou∙te∙s et le respect environnemental. À travers son action dans les quartiers populaires de Casablanca composés de familles particulièrement précarisées, AFAQ identifie des femmes qui vivent des situations importantes de vulnérabilité et de discrimination : principalement des veuves ou divorcées. Pour ces femmes, l’autonomie économique sera l’une des clés de leur émancipation et un outil de lutte contre les violences qu’elles subissent. « Les femmes subissent de la violence de la part de leur mari, de leur père, de leurs frères, de leurs voisins… La Femme dans les quartiers populaires c’est l’élément le plus « fragile ». Mais si elle est indépendante économiquement, elle n’est plus dépendante de ces hommes. On travaille sur deux aspects avec elles, l’accompagnement économique et sur la confiance en soi » nous explique Amina Zaïr, présidente d’AFAQ. Kenza Chaaibi, responsable de projet, ajoute que « l’autonomisation économique des femmes est le premier pas pour que les femmes aient accès à leurs droits, puis aux postes de décisions et à la vie politique ».

Une voie : l’économie sociale et solidaire

Depuis 2014, AFAQ appuie 120 femmes par an dans leur accès au marché du travail à travers des formations professionnelles (boulangerie, traiteur, esthétique, couture, etc.), mais aussi en gestion administrative et financière, et via des ateliers de gestion de conflit ou de prise de parole. AFAQ a ensuite proposé aux participantes de mettre sur pied, ensemble, des initiatives économiques basées sur des principes d’économie sociale et solidaire. En 2015, onze initiatives voient ainsi le jour. Petit à petit, les bénéfices générés par ces actions grandissent et les revenus des femmes s’améliorent, elles acquièrent une indépendance financière. En 2016, les initiatives prennent la forme de coopératives. Elles renforcent leurs pratiques d’économie sociale et solidaire notamment grâce à différents outils et ateliers développés et organisés par les structures partenaires de Solsoc actives sur cette thématique au Maroc et dans d’autres pays. Les membres des coopératives des différents pays s’organisent en véritable mouvement social. En 2019, elles·ils organisent un forum international de l’économie sociale et solidaire, comme espace de partage et de rencontre avec d’autres expériences de Palestine, du Burkina Faso et du Sénégal. Une série de revendications sont alors identifiées lors d’ateliers autogérés et sont portées vers le gouvernement marocain.

Des quartiers populaires à l’engagement politique

AFAQ encourage les femmes qu’elle accompagne à participer à la vie politique dans les différentes sphères de pouvoir et les encourage à accéder aux postes de décision. Aujourd’hui, elles influencent les politiques publiques au niveau local, notamment via des comités de femmes au sein des quartiers, qui agissent pour sensibiliser les femmes aux thématiques qui les concernent (violences, précarité, etc.), et qui interpellent directement les élus locaux. AFAQ motive les femmes des quartiers à voter, voire à se présenter sur les listes électorales. Quatre femmes accompagnées par AFAQ et actives dans les coopératives étaient ainsi inscrites sur les listes pour les élections de septembre 2021. Trois d’entre elles ont été élues. Amina conclut, « aujourd’hui, la priorité est d’encourager les femmes à faire le premier pas pour accéder à la vie publique, car c’est la clé pour améliorer la situation des femmes au Maroc ».

Solsoc est une ONG de coopération au développement. Avec des organisations locales, elle combat l’exclusion et les inégalités en Bolivie, au Burkina Faso, au Burundi, en Colombie, au Maroc, en Palestine, au Sénégal et en République Démocratique du Congo, ainsi qu’en Belgique. Leur objectif commun est de contribuer à la construction d’un monde plus juste et plus démocratique. Vous souhaitez poser un acte militant en faveur des actions de Solsoc ? Faites un don sur le compte BE52 0000 0000 5454

Plus d’infos : www.solsoc.be. 

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