Disposer d’un logement est un droit fondamental. Que l’on y vive seul·e ou qu’on le partage avec sa famille ou ses ami·e·s, il est le toit au-dessus de notre tête, l’espace que l’on aménage à son goût et dont on prend soin. C’est le lieu dans lequel on peut se réfugier et se sentir en sécurité. Quand on a la chance de le posséder, il est gage de sécurité financière. Par contre, pour les moins bien loti·e·s, il est l’endroit où l’on se sent prisonnière·ier et où les violences et la précarité se subissent à l’abri des regards. Pour d’autres encore, il est l’espace dont on ne dispose pas, et parfois, la lutte de toute une vie.

Ces dernières années, la question du logement est devenue l’une des préoccupations sociales et sociétales les plus incontournables. Ce qui n’est pas étonnant vu les défis et les enjeux actuels qu’elle soulève : on pense entre autres à la réduction des inégalités, la lutte contre la précarité, la santé, l’accroissement et le vieillissement de la population ou encore l’adaptation et la transition vers un mode de vie plus juste et plus respectueux pour la planète.

Un budget consacré au logement de plus en plus élevé

Avec, notamment, la crise sanitaire et la crise énergétique qui a suivi, la part du budget des ménages belges consacrée au logement a drastiquement augmenté. Augmentation des prix des maisons sur le marché, indexation des loyers et flambée des prix de l’énergie, ont même parfois amené certaines personnes – les locataires et les plus précarisé·e·s surtout – à devoir choisir entre manger ou se chauffer. En 2021, 20,6 % des ménages étaient en situation de précarité énergétique, ce qui représente un ménage sur cinq, et 5 % étaient touchés par la précarité hydrique. En 2022, la situation s’est aggravée puisque qu’on compte aujourd’hui 21,8 % des ménage touchés par la précarité énergétique.

Un manque crucial de logements et des loyers qui augmentent plus vite que les revenus

En 17 ans, les loyers à Bruxelles et en Wallonie ont augmenté beaucoup plus vite que les revenus des ménages. Et si, aujourd’hui, la part du budget consacrée au logement (loyer et énergie) s’élève déjà en moyenne à un tiers des dépenses, il représente parfois bien plus lorsque l’on observe les publics les plus vulnérables ; c’est-à-dire celles et ceux dont les revenus sont les plus bas. Un des facteurs qui explique cette augmentation des loyers est le manque, lui aussi toujours en hausse, de logements privés disponibles sur le marché locatif. À Bruxelles, où la situation est la plus critique, le prix à payer pour devenir propriétaire est presque inaccessible. De plus en plus de personnes n’ont d’autre choix que de se tourner vers le marché locatif. Un autre facteur est le manque crucial de logements sociaux avec 44.000 personnes inscrites sur liste d’attente en Wallonie et 50.000 personnes à Bruxelles. Sans parler des milliers de personnes qui dorment dans la rue, faute de places d’accueil.

Les femmes surreprésentées dans le « mal-logement »

Au-delà de la question de « l’accès au logement », figure aussi celle du « mal-logement » : habitation trop petite, mal équipée, humide, mal isolée, etc. En Belgique les femmes, et plus particulièrement, les mères de familles monoparentales, les ainé·e·s ou encore les femmes migrantes, sont celles qui subissent le plus cette situation. Sans emploi ou travaillant à temps partiel, seules parfois à subvenir aux besoins de leurs enfants ou d’un·e proche, bénéficiaires d’une pension insuffisante, etc., elles sont celles qui vivent le plus souvent dans un logement social, insalubre, mais aussi celles qui sont les plus discriminées en termes d’accès au logement. Une femme avec un faible salaire ou qui est la tête d’une famille monoparentale n’est pas le profil le plus « intéressant » aux yeux d’un·e propriétaire, qui craint toujours de ne pas voir le loyer arriver à la fin du mois ou de ne pouvoir expulser facilement et rapidement ses locataires en cas de problème.

« Le personnel est politique » : cet espace privé qui invisibilise

L’insécurité et la violence sont les autres réalités que rencontrent spécifiquement les femmes lorsqu’on lie la question du logement et celle des conditions de vie propres aux femmes. Combien de femmes vivent en effet sous l’emprise psychologique de leur bourreau et/ou supportent chaque jour des violences intrafamiliale sans que personne ne s’en aperçoivent ou n’en soit témoin ? Et combien d’entre elles s’y retrouvent prisonnières par dépendance économique à leur conjoint ?

Vers un logement durable pour tou·te·s

Enfin, un dernier enjeu sur lequel nous ne pourrions faire l’impasse, tellement il illustre l’importance et l’urgence de se saisir de cette question, autant pour assurer nos besoins vitaux actuels que ceux des générations futures, est celui de la transition vers un logement durable. C’est-à-dire des habitations qui sont conçues ou rénovées pour durer dans le temps et qui veillent autant à la préservation de l’environnement (utilisation de l’énergie, de l’eau, matériaux durables, etc.) qu’à la santé et au bien-être des personnes qui y habitent (sécurité, qualité de l’air, aménagement adéquat, convivialité, etc.). En tant que générateur important de gaz à effet de serre d’une part, et incitant à la santé des êtres humains d’autre part, l’accès à un logement durable, décent et abordable pour tou·te·s constitue l’une des pierres angulaires fondamentales de notre subsistance et de celle de la planète.

Autrice
AutriceWivynne Gaziaux