Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. La Belgique est le pays qui affiche le taux d’incidence le plus élevé au monde : 1 femme sur 9 y sera confrontée avant ses 75 ans [2]. Pourtant, il existe peu d’études ayant analysé le coût de la maladie dans notre pays. Solidaris a réalisé une vaste étude : nous avons suivi, durant plusieurs années, les dépenses de santé de 2629 femmes affiliées ayant débuté un traitement pour un cancer du sein en 2014. Cette étude quantitative a été complétée par une enquête menée auprès de 300 femmes ayant ou ayant eu un cancer du sein pour leur donner la parole et mieux connaître leur vécu au quotidien.
Jusqu’à plus de 6750 € à charge des patientes
Nos chiffres montrent que leurs dépenses de santé s’élèvent à près de 2 000 € en moyenne la 1e année de la maladie, et peuvent monter jusqu’à plus de 6 750 € pour 5 % d’entre elles. Sans notre système de Sécurité sociale, ces montants seraient respectivement de 19 000 € et 54 000 € ! Aux dépenses de santé s’ajoutent d’autres frais liés à la maladie. La maladie engendre ainsi des frais financiers importants même si une majorité des femmes interrogées sont couvertes par une assurance hospitalisation, voire une assurance « maladie grave ». En cause : une série de frais insuffisamment ou non remboursés qui viennent gonfler la facture : prothèses capillaires, produits de parapharmacie, vêtements adaptés, etc. 1 femme sur 4 éprouve ainsi des difficultés à payer les factures liées au cancer du sein et 28 % ont des problèmes pour payer les factures liées à la vie courante, à cause des frais liés à leur maladie.
Tous les domaines de la vie impactés
Les témoignages mettent également en lumière la maladie et ses conséquences dans tous les domaines de la vie. Ils montrent des problèmes de santé importants, principalement liés aux traitements (douleurs articulaires et musculaires, lymphœdèmes [c’est-à-dire un gonflement chronique d’un membre], neuropathies [trouble neurologique qui entraîne d’intenses douleurs chroniques], fatigue, perte de mémoire, troubles de la concentration, etc.) et qui perdurent bien au-delà de la maladie. 1 femme sur 2 se sent ainsi limitée dans ses activités quotidiennes.
La santé psychique, le bien-être et la confiance en soi sont par ailleurs sensiblement dégradé∙e∙s suite à la maladie : 4 femmes sur 10 sont en dépression modérée à sévère et près de 1 femme sur 3 n’est pas satisfaite de sa vie. La maladie s’immisce également dans la vie familiale et sociale avec des relations rendues plus difficiles : 3 femmes sur 5 déclarent que leur santé physique ou émotionnelle les gêne dans leurs relations et il en est de même dans leur vie sexuelle. Il y a bien souvent un sentiment d’incompréhension de l’entourage, dû entre autres aux multiples effets secondaires « invisibles », qui est très mal vécu par les femmes. Même lorsqu’elles sont bien entourées par leurs proches, elles sont nombreuses à éprouver un grand sentiment de solitude.
Sur le plan professionnel, nos chiffres montrent que 7 femmes sur 10 sont en incapacité de travail l’année où débute le traitement et près de 1 femme sur 2 est en invalidité par la suite. Notre enquête montre par ailleurs qu’elles font face à des difficultés lors de la reprise de travail et des changements professionnels dont elles ne sont pas satisfaites dans 7 cas sur 10. Sans compter que les revenus diminuent sensiblement suite à l’incapacité de travail alors qu’en parallèle les dépenses de santé augmentent de manière exponentielle.
Enfin, notre enquête démontre que si la maladie touche toutes les femmes indépendamment de leur milieu social, elle creuse les inégalités sociales dans tous les domaines de la vie.
Une nouvelle « Politique Cancer du sein »
Au vu des enseignements tirés de cette étude de grande ampleur, Solidaris s’adresse d’une part aux pouvoirs publics et propose une nouvelle « Politique Cancer du sein » et d’autre part, aux femmes en formulant une série de recommandations.
[1] Cet article s’inspire d’une étude réalisée par Solidaris
[2] Les statistiques et éléments relayés dans cet article sont détaillés dans l’étude.