Qu’ils soient l’objet de tabous ou exploités à tout va dans l’espace public, les seins ne cessent de susciter des mythes et de fausses informations. Revenons ensemble sur quelques idées reçues autour des seins.

Les seins, symbole universel d’érotisme et de maternité ?

Les seins des femmes semblent représenter l’apanage de la sensualité et de la féminité dans notre société. Pourtant, ce phénomène est très fluctuant au travers des époques et des cultures.

Comme l’explique le Youtubeur Nota bene, dans l’Antiquité, en Égypte ancienne ou en Crète, la poitrine n’est pas du tout érotisée et elle n’est pas ou peu  recouverte. Au fil des époques, elle sera tantôt diabolisée, notamment par certaines religions qui y voient une forme de tentation sexuelle, tantôt représentée comme le symbole de figure maternelle. Le sein présente donc une ambivalence de perception.

Aujourd’hui encore dans certaines cultures non occidentales les femmes et les hommes vivent torses nus durant toute leur vie, ce qui habitue les enfants à voir les corps évoluer. Le fait d’associer les seins des femmes à la sexualité et de les dissimuler dans l’espace public est donc un phénomène culturel.

Par ailleurs, les représentations médiatiques manquent parfois de diversité. Il existe pourtant une multiplicité de poitrines en termes de formes, tailles, couleurs. Certaines ont des poils sur les tétons, des veines apparentes, de la cellulite, d’autres ont vécu une chirurgie ou ont vu leur poitrine changer suite à une transition hormonale… Normalisons ces différences !

Le no bra une libération pour toutes les femmes ?

Si cette pratique n’est pas nouvelle, le no bra a explosé pendant le confinement. Parce qu’ils ne sont pas toujours confortables, qu’ils sont coûteux, mais aussi parce qu’ils représentent pour certaines une injonction faite au corps des femmes, beaucoup ont décidé de laisser soutifs et baleines au placard.

Si le no bra représente une libération pour certaines, il ne doit en aucun cas être une injonction de plus faite au corps des femmes. Ne plus porter de soutiens-gorge peut s’avérer compliqué pour plusieurs raisons : regard et peur du jugement des autres, pratique sportive, inconfort lié notamment à la taille de la poitrine, complexes, amour de la lingerie, adaptation de sa garde-robe… Que l’on en porte un peu, beaucoup ou pas du tout, chacun·e doit pouvoir prendre la décision qui lui semble la plus adéquate !

Par ailleurs, dans une société empreinte de la culture du viol, le no bra peut s’avérer compliqué. Selon un sondage IFOP réalisé en 2020 autour du no bra « 20 % des personnes interrogées estiment que “le fait qu’une femme laisse apparaître ses tétons sous un haut devrait être, pour son agresseur, une circonstance atténuante en cas d’agression sexuelle”». Tandis que « pour 34 % des personnes interrogées, “une femme qui ne porte pas de soutien-gorge est une femme qui veut attirer les regards” » … des stéréotypes qui ont la vie dure et qu’il est essentiel de déconstruire, notamment au travers de l’éducation à la vie relationnelle affective et sexuelle (EVRAS) !

Cancer du sein : des informations erronées ou ambigües 

Contrairement à des idées largement répandues, il n’existerait, à l’heure actuelle, aucune preuve d’un lien entre le cancer du sein et le fait de mettre du déodorant (même composé d’aluminium), de consommer du soja, de porter un piercing au téton, d’avoir recours à un avortement, de porter (ou non) un soutien-gorge. Il est également faux de croire que le cancer du sein est exclusivement héréditaire, c’est le cas pour seulement ¼ des femmes ayant un cancer. Il ne concerne pas non plus que les seniors, même si dans les deux cas, il s’agit de facteurs augmentant les risques.

Autrice
AutriceElise Voillot