Comme chaque année en cette saison, les catalogues de jouets ont envahi nos boîtes aux lettres. Au fil des pages en papier glacé, deux mondes se dessinent. D’un côté, un univers rose, doux, pelucheux, peuplé de poupées et de carnets intimes. De l’autre, place à l’action, aux aventures extraordinaires et aux super-héros. Certes, nous apercevons ci-et-là une fillette assise derrière un jeu de construction, un garçonnet tenant un ourson par la patte… mais cela reste anecdotique. Dans notre société actuelle, que l’on dit égalitaire, est-ce bien logique ? A l’heure où femmes et hommes travaillent, où femmes et hommes s’occupent des enfants, ne pourrait-on pas espérer des jouets reflétant davantage la réalité et sa diversité?
Derrière chaque jouet se cachent de nouvelles aptitudes à développer. Pourquoi tous les enfants n’auraient-ils pas le droit de tester l’ensemble des jouets, d’acquérir l’ensemble des compétences ? Il ne s’agit pas de refuser ou d’imposer un type de jouet à un enfant, mais d’ouvrir l’éventail des choix, de ne pas limiter l’enfant aux seuls jouets socialement attribués à son genre.
D’autant plus que la répartition sexuée va induire un conditionnement chez l’enfant qui peut avoir des répercussions sur sa vie future, notamment dans ses choix professionnels. Par exemple, les petites filles, habituées à soigner leurs poupées et faire la dinette, vont davantage se tourner vers les secteurs professionnels de la santé, du soin aux personnes, de l’enseignement. Des carrières bien moins rémunératrices que les filières scientifiques et techniques où l’on va pousser les petits garçons. Conséquence : les inégalités salariales entre les femmes et les hommes s’élèvent toujours à 20% en Belgique.
Que faire alors, en tant que parents ?
Aujourd’hui, trouver un jouet non-genré peut se révéler difficile. Alors, quel serait le jouet idéal ? Il ne s’agit pas forcément de tirer une trait sur les jouets genrés. Le jouet en lui-même n’est pas sexiste, c’est le fait de le réserver à un sexe qui est sexiste. Il est important d’associer tous les jouets aux deux sexes. Proposer un journal intime à un petit garçon, un kit d’exploration à une petite fille, afin de leur ouvrir au maximum le champ des possibles, de leur permettre de développer leurs gouts et leurs compétences non pas en fonction de normes imposées, mais de leurs réelles préférences.
Enfin, certains jouets, de par leur nature même, sont également à privilégier : les équipements sportifs, les instruments de musique, les jeux de société et de construction. Des jouets plutôt neutres, qui laissent place à l’imagination et n’enferment pas les enfants dans des rôles trop figés.
De nombreux livres et films d’animation non-stéréotypés existent également aujourd’hui et proposent des modèles identitaires différents.
2018, l’année du changement ?