L’accès à des soins de santé de qualité est essentiel et il devrait être possible de se soigner partout dans le monde sans risquer de tomber dans la précarité. C’est une priorité dans le travail de Solsoc et de ses partenaires mutualistes en Afrique, qui promeuvent la protection sociale, premier pilier de l’Agenda pour le travail décent.
La couverture santé universelle, une réponse à un des plus grands facteurs d’appauvrissement
La protection sociale est un ensemble de mécanismes de prévoyance qui répond à différents types de risques potentiels auxquels les êtres humains peuvent faire face tout au long de leur vie : la maladie, la grossesse, la vieillesse, les accidents de travail, la perte d’emploi, l’invalidité, le décès d’un parent… autant de situations susceptibles de laisser soudainement sans revenus. En réponse à ces risques, la protection sociale garantit des soins de santé essentiels. Elle assure également une sécurité de revenus pour les personnes âgées, les personnes en situation de chômage, d’invalidité ou de maladie et couvrent certains frais liés aux enfants. Les coûts élevés inhérents à la santé sont non seulement un frein à l’accès à celle-ci mais aussi une cause non-négligeable d’appauvrissement. Face à ce constat, l’Organisation Mondiale de la Santé a développé depuis 2005 le concept de Couverture Santé Universelle (CSU). La CSU a pour objectif de fournir une protection contre les risques financiers et de donner accès à des services de santé essentiels de qualité, ainsi qu’à des médicaments et vaccins sûrs, efficaces, et à un coût abordable. Enfin, la CSU se fonde sur une mutualisation des risques et des ressources. C’est un système de solidarité entre malades et bien-portant·e·s.
Une stratégie : le soutien à des mutualités de santé
La stratégie mutualiste que soutient Solsoc dans plusieurs pays constitue une option concrète pour réaliser la CSU. En tant que système contributif, solidaire et basé sur la prévoyance, une mutualité de santé évite à ses membres l’appauvrissement que peuvent provoquer des dépenses inattendues. Mais au-delà, une mutualité est aussi un système démocratique, assurant une représentativité de la population, d’autant plus lorsque l’État lui confie le statut d’organisme de gestion délégué, comme c’est le cas en Belgique. Dès lors, elle joue pleinement le rôle de contre-pouvoir en faisant valoir les droits de ses usagères·ers dans la définition des politiques de santé publique. En Afrique, les défis sanitaires demeurent urgents et immenses : mortalité infantile et maternelle, liée au paludisme, au VIH/SIDA, causée par des épidémies comme l’Ebola et la fièvre jaune… Ceux-ci pourraient être réduits par un meilleur accès aux services de base. L’Organisation Mondiale de la Santé et la Banque Mondiale considèrent que les progrès en vue d’une CSU sont non seulement cruciaux pour la promotion de l’équité, des droits fondamentaux et de la sécurité humaine en matière de santé, mais sont aussi porteurs d’avantages économiques importants et contribuent à la stabilité sociale.
Les exemples du Sénégal et du Burundi
Évidemment, cette courte contextualisation masque des disparités importantes entre et à l’intérieur des pays du continent africain. De même, les modèles adoptés ou à mettre en œuvre pour avancer vers la CSU ne pourraient être les mêmes partout. Les exemples du Sénégal et du Burundi nous donnent un aperçu de deux situations très différentes. Au Sénégal, la volonté politique d’avancer vers la CSU a été traduite en pratique et en financement public. À côté du régime d’assurance maladie obligatoire touchant les travailleuses·eurs des secteurs formels, une stratégie de développement de la CSU se développe : elle est basée, d’une part, sur les politiques de gratuité et, d’autre part, sur les mutualités de santé. La population cible des mutualités de santé est constituée essentiellement des actrices·teurs de l’économie informelle et du secteur rural, qui représentent plus de 80% de la population sénégalaise. La cotisation à une mutualité de santé est subventionnée par l’État à hauteur de 50% pour les personnes qui ont la capacité de cotiser et à 100% pour les personnes les plus précaires. En 2019, le taux de couverture du risque maladie avoisinait les 50%. Au Burundi, la situation est loin d’être aussi favorable. La Politique Nationale de Protection Sociale, adoptée en 2011, prévoyait la mise en place à long terme d’une assurance maladie universelle pour tout·e citoyen·ne burundais·e, sans préciser la stratégie à adopter. Depuis lors, le ministère de la Santé a mis en place et promu la Carte d’Assistance Médicale (CAM), beaucoup moins chère que la cotisation aux mutualités et accessible à tou·te·s alors qu’elle était prévue au départ pour les personnes indigentes seulement. Ces deux systèmes se confrontent actuellement et les mutualités peinent à maintenir leurs effectifs. Leur taux d’adhésion atteint seulement les 2%. Dans ces deux pays, Solsoc et ses partenaires locaux appuient des mutualités de santé communautaire, non pas en finançant les cotisations mais en cherchant à les rendre durables par la structuration, l’équipement, la formation et la professionnalisation des gestionnaires et des cadres. Et comme les questions de CSU sont éminemment politiques, Solsoc soutient aussi le plaidoyer sur ces questions qui est mené par les plateformes nationales des mutualités de santé.
Solsoc est une organisation non gouvernementale (ONG) de coopération au développement. Avec des organisations du Sud, elle combat l’exclusion et les inégalités en Bolivie, au Burkina Faso, au Burundi, en Colombie, au Maroc, en Palestine, au Sénégal et en République Démocratique du Congo, ainsi qu’en Belgique. Leur objectif commun est de contribuer à la construction d’un monde plus juste et plus démocratique. Visitez le site internet de Soloc : www.solsoc.be
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