Analyse réalisée par Marie-Anaïs Simon
« Vous pouvez utiliser vos ordinateurs pour vous organiser mondialement. Nous, on devait imprimer des pamphlets et les distribuer manuellement. Vous devez donc utiliser vos ordinateurs pour sauver le monde! » En 2004, cybersolidaires.org relayait cet appel d’une militante octogénaire. Le site invitait les féministes connectées à relever les défis de la société de l’information et de la communication pour redonner de la visibilité aux luttes féministes internationales.
Plus tard, le Printemps arabe, les révolutions en Tunisie et les mouvements citoyens tels que Occupy Wall Street nous l’ont prouvé, les nouvelles technologies, la démocratisation d’Internet et les réseaux sociaux peuvent avoir un impact réel sur les luttes sociales. Ils permettent d’améliorer leur visibilité, d’organiser et de rassembler les militants pour faire bouger les choses. Comme l’explique Veronica Gomes dans son travail, « l’utilisation d’Internet en tant que “nouvelle” forme de contestation a comme avantage incontournable d’obtenir une audience comme on n’en a jamais vu. Désormais, des actes de revendication qui étaient auparavant isolés et locaux se retrouvent aujourd’hui devant un public digne des plus grandes manifestations de rue, grâce à la circulation d’images que permet Internet » (2016). En outre, Internet autorise plus de liberté de parole. Cela permet l’émergence de sujets qui sont moins représentés dans la sphère politique (telles que les luttes LGBTQ + ou les violences policières) et l’implication des acteurs qui ne s’expriment généralement pas au niveau politique, ou du moins qui n’ont pas la possibilité de le faire. Comme le souligne Jaques Ion dans son livre S’engager dans une société d’individus, Internet « met sur un pied d’égalité tous les internautes, indépendamment de leurs compétences supposées (…) ce postulat (…) porte en germe une possibilité d’ouvrir la discussion au-delà des cercles des représentants d’une part, des experts d’autre part » (2012).
La militance numérique regorge de potentialités. Comment le féminisme peut-il les exploiter à leur plein potentiel pour servir sa cause ? Quels sont les opportunités et les défis qu’offrent ces technologies dans la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes ? Comment le cyberféminisme peut-il devenir une arme de déconstruction du patriarcat ? Cette analyse tentera de répondre à ces questions.
Lire l’analyse complète publiée en septembre 2016 : analyse2016-cyberfeminisme