Analyse réalisée par Sarah Hibo
Augmentation des divorces et séparations, multiplication des formes d’union, hausse des naissances hors mariage, recomposition des familles, développement de la monoparentalité, recherche d’épanouissement personnel,… voici quelques éléments invoqués pour attester de la désinstitutionalisation de la famille. Mais peut-on réellement parler de désinstitutionalisation ? Quelles sont les évolutions dans le champ de la famille ? Comment les individus sont-ils touchés par ces changements et comment les vivent-ils ? Voici quelques questions auxquelles nous tenterons de répondre dans cette analyse. Pour ce faire, nous nous référerons notamment à l’enquête « Le thermomètre des belges – Comment vont les parents de jeunes enfants 0 à 3 ans ? » publiée par Solidaris en décembre 2015.
Quelle évolution de la « famille » ?
Il est clair que la famille d’aujourd’hui ne correspond plus vraiment à la famille que l’on nomme couramment « traditionnelle » ou « nucléaire » des années cinquante et soixante (une femme au foyer, un homme au boulot et deux ou trois enfants). A cette époque, « la famille » c’était le père dont l’autorité primait sur les intérêts des membres du ménage.
Le retour des femmes sur le marché du travail dans les années soixante et septante a conduit ces dernières à davantage d’indépendance économique et est allée de pair avec une plus grande indépendance identitaire. Cette période a également vu des avancées significatives en matière de droits des femmes : contraception, IVG, ouverture d’un compte en banque sans l’autorisation du mari ou encore, réforme du divorce.
Les années quatre-vingt ont vu une dégradation du marché du travail et une augmentation du travail à temps partiel pour les femmes ainsi qu’une hausse des contrats à durée déterminée. Cela n’a toutefois pas freiné l’augmentation des couples bi-actifs (c’est-à-dire, des couples dont les deux conjoints travaillent), l’emploi des femmes apportant un revenu (d’appoint) considéré comme nécessaire pour faire face à l’augmentation du coût de la vie.
Une fragmentation des temps s’observe depuis les années nonante et deux mille. Auparavant, on avait, généralement, au cours d’une vie, une carrière et un couple. Aujourd’hui les individus forment souvent plusieurs couples et changent davantage d’emploi au long de leur carrière. Les personnes qui gardent le même emploi de l’entrée sur le marché du travail jusqu’à sa sortie, à l’âge de la pension, sont de plus en plus rares.
L’augmentation des séparations et divorces donne à voir une structure familiale plus instable avec pour conséquence de centrer le droit de la famille sur le droit de l’enfant. En cas de séparation, on opère désormais une distinction entre le couple parental et le couple conjugal. Comme en témoigne la réforme du divorce de 2007, la sortie du couple conjugal est facilitée et l’importance est donnée à la pérennisation du couple parental.
Lire l’analyse complète publiée en avril 2016 : analyse2016-famille