Etude rédigée par Wivynne Gaziaux

Le 10 décembre 1948 l’Assemblée générale de l’ONU – composée de 58 États Membres – adopte la Déclaration universelle des droits de l’homme dans lequel le concept de « dignité humaine » prend une place très importante et même fondamentale. Ce projet prend forme au lendemain de la Seconde Guerre mondiale lorsque la communauté internationale prend conscience des atrocités vécues par les peuples – dont l’extermination de communautés entières – durant la guerre. Après cet épisode des plus tragiques de toute l’histoire de l’humanité, les Nations réalisent que l’État peut devenir le pire ennemi de l’être humain, en se servant de sa force et de son pouvoir pour asseoir ses idéologies et servir ses projets intérêts. C’est donc pour protéger les citoyen·ne·s à l’échelle internationale que la notion de dignité humaine refait surface et reprend tout son sens.

« Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde, … »

Quelques décennies plus tard, les êtres humains font face à une nouvelle menace ; celui du réchauffement de la planète et des conséquences néfastes et mortelles qui en découlent pour tous les écosystèmes. Avec la découverte du réchauffement climatique, les États se rendent compte de l’impact négatif que l’activité humaine et son mode de vie provoquent sur la planète

Grâce à de nombreuses études menées autour de l’écologie – mais aussi de l’émergence de l’écologie politique dans la foulée au 19ème siècle – des experts démontrent en effet que l’être humain est interconnecté avec son environnement. On ne peut donc plus nier que leur qualité de vie, et même tout simplement leur survie, dépendent de la manière dont ils interagissent avec la nature qui les entoure, comment ils la préservent et en prennent soin. Grâce à ces découvertes, notre ère commence enfin à prendre de la distance avec l’idée dominante de l’époque moderne, qui considérait la nature comme une ressource illimitée que l’être humain peut posséder et exploiter à volonté, c’est-à-dire comme une « chose », un objet.

Ce nouveau paradigme va profondément bouleverser le concept de dignité humaine à l’échelle mondiale en incorporant désormais dans sa définition la notion de développement durable. Pour les États, la mission est devenue double puisqu’il ne s’agit plus « uniquement » de protéger les individus entre eux et envers le pouvoir que constitue l’État, mais aussi de protéger leur habitat et les écosystèmes qui les entourent. Et c’est aux États que revient le devoir de mettre en place les garde-fous et les balises nécessaires qui permettront à chaque individu aujourd’hui, mais aussi à celles et ceux des générations futures, de pouvoir vivre dignement dans le respect de la planète sur laquelle nous vivons.

Wivynne Gaziaux, « Le droit à vivre dignement et les objectifs de développement durable », étude Soralia 2023, URL : https://www.soralia.be/wp-content/uploads/2023/12/Etude2023-Dignite-et-ecologie.pdf