Etude rédigée par Wivynne Gaziaux
Le fait que les femmes réalisent majoritairement le travail domestique et s’occupent des tâches maternelles sont des préceptes si ancrés dans les vies, les mœurs et les convictions d’une majorité de sociétés à travers le monde, qu’ils passent encore aujourd’hui comme étant des normes naturelles et justifiées. Comme si, effectivement, les rôles sociaux prescrits aux femmes et aux hommes dès leur naissance sont naturellement différents et opposés et que, par conséquent, ils sont voués à perdurer éternellement. C’est en effet ce que de nombreuses·eux chercheuses et chercheurs ont fait au cours de l’histoire, en étayant, légitimant et défendant cette théorie de la « prédestination naturelle ». Mais fort heureusement, nous savons aujourd’hui que ces chercheuses·eurs ont été plus influencé∙e∙s par les constructions sociales propres aux lieux et aux époques dans laquelle elles·ils vivaient que par une réelle remise en question neutre et éclairée ; c’est-à-dire sans à priori. Grâce aux avancées des sciences sociales[1], économiques, et naturelles[2] notamment, nous pouvons aujourd’hui affirmer au contraire que cette théorie des rôles sociaux genrés a surtout permis qu’une moitié de la population puisse dominer l’autre moitié et tirer profit de son travail. Et que l’exploitation de ce travail – autant dans la sphère privée que dans la sphère professionnelle – a souvent été obtenue par la force, la contrainte ou la manipulation et avec le concours de ceux qui détiennent le pouvoir. Le pouvoir de proposer ou promulguer des lois et de les abroger, mais aussi d’enseigner, d’étudier, d’écrire, de raconter, de poursuivre, de juger, de punir, de choisir, d’hériter, de payer, d’acheter, de travailler, etc. Mais comment cela est-il advenu ? Comment est-ce que ce type de travail a pu – et il l’est encore aujourd’hui – être relégué assigné uniquement aux femmes et être exploité sans que, nous les femmes, nous ne puissions nous en rendre compte ? C’est ce que nous avons tenté de comprendre : en retraçant, brièvement et à postériori, l’histoire du travail des femmes ainsi que l’évolution de leur place dans le système économique et le rôle qu’elles ont joué dans la société depuis le haut Moyen Âge (Xe siècle) jusqu’à aujourd’hui. Retracer l’histoire des femmes est plus que pertinent parce que cela permet de comprendre les conditions des femmes et leur évolution au cours du temps, tout en mettant en lumière la domination masculine et les conséquences qu’elle a eues sur elles et sur l’évolution de la société. Tout comme elle est indispensable pour amener un contre-discours, un autre type de récit, que celui écrit par les hommes et pour les hommes, de leur seul point de vue et avec leurs propres aspirations politiques et économiques [3].
[1] Sociologie, anthropologie, psychologie, histoire, etc.
[2] Biologie, chimie, physique
[3] PATOU-MATHIS Marylène, L’homme préhistorique est aussi une femme, Villeneuve-d’Ascq, Allary Éditions, 2020, p. 229.