À l’occasion du 25 novembre, journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, Soralia et Sofélia ont voulu mettre l’accent sur une dimension encore trop peu visible, celle des violences économiques. Cette notion peut être décortiquée sous deux angles distincts, mais complémentaires, à découvrir dans cet article.
Les violences économiques entre (ex)-partenaires
Tout comme les violences verbales, physiques et sexuelles, les violences économiques peuvent faire partie des violences exercées entre (ex-)partenaires. Ces violences tournent autour de l’argent, sa répartition, son utilisation, son accès. Le site Internet canadien SOS Violence conjugale détaille six manières de commettre des violences économiques :
– Contrôler les dépenses et la gestion financière du ménage par exemple en critiquant les achats ou en imposant ses choix dans les décisions financières du foyer
– Voler de l’argent par exemple en utilisant une carte de débit ou de crédit sans le consentement ou en empruntant de l’argent sous de faux prétextes
– Usurper l’identité pour obtenir une carte de crédit ou créer des dettes au nom de sa partenaire
– Limiter l’accès à l’information relative aux finances de la famille, par exemple en cachant des documents administratifs importants
– Contrôler la vie professionnelle pour porter atteinte aux revenus de la victime, par exemple en l’empêchant d’étudier ou en faisant pression pour qu’elle réduise ses heures de travail
– Menacer la victime de vengeance financière pour la contraindre à rester dans la relation.
Sofélia, en tant que Fédération de Centres de Planning familial, lutte activement au quotidien contre les violences basées sur le genre, dont les violences économiques. Que ce soit pour des consultations juridiques, sociales, psychologiques ou encore médicales, tous les services proposés par les Centres de Planning familial sont accessibles financièrement, même aux personnes les plus précarisées. Plusieurs Centres affiliés à Sofélia proposent des services spécifiques aux personnes victimes de violences intrafamiliales et conjugales.
Les violences économiques à l’échelle de la société
La société belge, par ses institutions, ses réglementations, ses dysfonctionnements, génère aussi des violences économiques à l’encontre des femmes. Prenons un premier exemple. Selon un rapport établi par l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes en 2021, l’écart salarial en Belgique est toujours de 9,2 %… Les femmes gagnent donc nettement moins d’argent que les hommes !
Par ailleurs, le temps de travail souvent réduit des femmes a un impact direct sur le calcul de leur pension, car elles peinent à atteindre les 45 ans de carrière complète et ne peuvent dès lors toucher une pension complète. L’écart de pension entre les femmes et les hommes et le risque de pauvreté qui l’accompagne constitue une violence économique de plus dans le parcours des femmes.
Et lorsqu’une femme s’installe en colocation parce que sa faible pension ne lui permet plus de payer seule un loyer, elle se retrouve confrontée au statut de cohabitant·e [1]. C’est le cas de Jeanne, relaté dans un article d’Axelle Mag : « On m’a retiré 100 euros de la GRAPA, car l’institution estime que je suis “cohabitante”, à cause de la colocation. Ils me traitent comme une criminelle ».
Pour Soralia et Sofélia, les violences économiques s’inscrivent dans le continuum des violences faites aux femmes. Il est donc essentiel, pour nous, de dénoncer et lutter contre ces discriminations.
[1] Pour comprendre les multiples enjeux derrière ce statut et sa suppression espérée, voir l’outil pédagogique développé par Soralia : Individualisation des droits sociaux : l’affaire de toutes et tous.
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