Ah décembre, le mois où la magie et la féérie envahissent les rues. Ce mois où les cabanons des marchés de Noël prennent place sous des guirlandes lumineuses, où les mains gantées tiennent des gobelets fumants de vin ou de chocolat chauds. Ces images un peu figées des téléfilms de Noël, où l’on rencontre toujours son âme sœur dans une tempête de neige et sur fond de chants entêtants. Où l’on entame l’année nouvelle dans la joie et l’allégresse, entouré-e-s d’une foule d’ami-e-s. Décembre, ce mois de bonheur. Vraiment ? Période adulée par les un-e-s, source de stress incommensurable pour les autres ou provoquant une profonde indifférence pour les dernières/ers, les fêtes de fin d’année sont teintées d’une réalité indéniable : celle de la pression sociale. Car décembre, c’est surtout le mois de l’injonction au bonheur et de la non-remise en question des traditions.

La fin d’année rime avec repas de famille et soirées entre ami-e-s. Mais aussi avec l’idéalisation de ces moments. À Noël, on « doit » être heureuse/eux ; au Nouvel An, on « doit » rire et faire la fête jusqu’aux petites heures. Scoop  ! Pour certaines personnes, le mois de décembre n’est pas la période la plus attendue de l’année. Au contraire, beaucoup n’ont qu’une seule hâte : que ce soit fini. Ces obligations sociales à dates fixes (et donc obligées) pèsent sur les épaules de plus en plus de personnes, sans pour autant que la société semble prête à l’accepter ou, du moins à l’entendre. Or, il y a autant de raisons de ne pas aimer les fêtes de fin d’année (ou d’y être indifférent-e-s) que d’ampoules allumées à travers le monde le 25 décembre… C’est dire !

Quoi ? Tu n’aimes pas fêter Noël ?

Si retrouver la smala au grand complet lors d’un repas de famille est une source de joie pour certain-e-s, il peut s’agir d’une vraie corvée pour d’autres. Les blagues sexistes et/ou racistes de Tonton Roger entre la dinde et la bûche, les questions insistantes (et gênantes) de Mamy Geneviève – « Alors, le mariage et les bébés, c’est pour quand ? », les comparaisons – « Ton frère, lui, réussit tout ce qu’il entreprend ! », les remarques sur le physique – poids, coiffure, tenue.

Ajoutez à cela des sujets qu’il vaut mieux éviter « Ne gâchez pas la soirée en parlant de politique ! » ainsi qu’une bonne dose de sourires forcés et vous risquez d’obtenir une soirée tendue, où l’on tente de sauver les apparences. Des crispations peuvent aussi survenir quand l’on «  entre  » dans une famille. Pas toujours évident de concilier ses propres traditions familiales et celles de la famille de sa/son partenaire de vie ! On tire à la courte paille pour décider chez qui on passe le réveillon et chez qui on mange le jour de Noël ? Et si, avant, on ne fêtait pas Noël, que ce soit par conviction religieuse (parce qu’on est athée ou d’une autre confession que chrétienne) ou par souvenir familial douloureux, comment le dit-on à sa belle-famille sans la froisser ? Noël, c’est aussi l’effervescence dans les préparatifs  : imaginer un menu, acheter le sapin, le décorer, mettre les petits plats dans les grands, s’activer aux fourneaux, etc. Tant de tâches encore trop souvent gérées par les femmes de la famille. On en parle, de la charge mentale « spéciale fêtes de fin d’année » ?

Reste un obstacle de taille à gérer  : le père Noël. Vous savez, celui qui provoque des files dans chaque grand magasin pour que les enfants s’asseyent sur ses genoux ? De plus en plus de parents décident de ne pas laisser leur progéniture croire en son existence. Si certain-e-s ont le sentiment de mentir à leurs enfants, d’autres ne voient pas pourquoi ce mythe aurait tout le crédit de faire briller les yeux de leurs bambins. Autre détail : si Fêtes de fin d’année : vous reprendrez bien un peu de pression sociale ? Ah décembre, le mois où la magie et la féérie envahissent les rues. Ce mois où les cabanons des marchés de Noël prennent place sous des guirlandes lumineuses, où les mains gantées tiennent des gobelets fumants de vin ou de chocolat chauds. Ces images un peu figées des téléfilms de Noël, où l’on rencontre toujours son âme sœur dans une tempête de neige et sur fond de chants entêtants. Où l’on entame l’année nouvelle dans la joie et l’allégresse, entouré-e-s d’une foule d’ami-e-s. Décembre, ce mois de bonheur. Vraiment ? Période adulée par les un-e-s, source de stress incommensurable pour les autres ou provoquant une profonde indifférence pour les dernières/ers, les fêtes de fin d’année sont teintées d’une réalité indéniable : celle de la pression sociale. Car décembre, c’est surtout le mois de l’injonction au bonheur et de la non-remise en question des traditions. on s’accorde aux traditions, le père Noël «  n’existe  » initialement pas dans nos régions, ce personnage est un dérivé de Saint-Nicolas… Est-ce donc finalement logique de fêter les deux ? Rappelons enfin que c’est une célèbre marque de soda qui a figé les traits du père Noël en grand barbu et bedonnant…

Quoi ? Tu n’as pas encore acheté tous tes cadeaux ?

Si les fêtes s’immiscent dans les rues, elles envahissent aussi (surtout ?) les vitrines et ce, dès que la rentrée scolaire est passée. Car décembre, c’est aussi la période de l’injonction à la consommation (de masse). On « doit » gâter ses proches – entendez par là qu’on doit les couvrir de cadeaux, plus originaux les uns que les autres. On « doit » porter ses plus beaux vêtements – ne dit-on pas d’ailleurs « être sur son 31 ? ». Et pas les mêmes que l’année d’avant, hein ! Le mois de décembre, c’est le jeu des vases communicants : le pied du sapin se remplit à mesure que le compte en banque se vide ! Il y a des gens que ça ne fait pas rêver de se ruiner ? Étrange… Jusqu’à la dernière minute se déroule une course effrénée pour trouver des cadeaux pour tout le monde. La créativité n’a pas de limites et se ressent même parfois dans des instructions précises : « Maximum 10 ¤ ! », « Insolite », « Qui convienne à tout le monde pour qu’on fasse un tirage au sort  ». Un joyeux (joyeux ?) casse-tête consumériste avec une forte pression sociale  : ne pas passer pour un-e «  loser  » incapable de trouver LE cadeau idéal. Et ce, qu’on en ait les moyens financiers ou non… Force est de constater que cet idéal n’est que rarement atteint, à moins de fournir une liste préalable. Il n’est pas rare de repartir les bras chargés de cadeaux impersonnels (vive les coffrets cadeaux), un peu à côté de la plaque – «  Oooh, le joli pull (trop grand) », voire carrément inutiles – « Super, un cinquième livre d’histoires à lire aux toilettes », qui seront, au choix, donnés ou mis en vente dès le lendemain, à moins qu’ils ne prennent la poussière pendant quelques années avant de finir à la poubelle. Dernier ingrédient de ce cocktail détonnant  : la dimension de genre malheureusement récurrente dans les choix des cadeaux (un coffret gel douche pour lui, une écharpe pour elle). Allez comprendre pourquoi les anti[1]consuméristes, anti-gaspi et adeptes du zéro-déchet dépérissent, à moins de trouver des subterfuges pouvant être jugés comme farfelus par le reste de la famille – «  C’est quoi cet emballage en tissu ? C’est moins drôle, ça ne se déchire pas… »

Quoi ? Tu ne fais rien de spécial le 31 décembre ?

Une fois les festivités de Noël terminées, le chemin est à moitié parcouru. Reste à passer le cap de la nouvelle année  et son lot d’injonctions à la convivialité… Si vous prévoyez de ne « rien faire » le 31 décembre (entendez par là «  rien de spécial  »), vous risquez de soulever de vives inquiétudes – «  Ça ne va pas  ? Tu sais que tu peux me parler, je suis là  ». Il semble nécessaire de faire une mise au point : avoir envie d’être «  au calme  » n’est pas obligatoirement synonyme de dépression. Ne « rien faire de spécial  » peut simplement signifier vouloir éviter la foule, les feux d’artifice ou encore le repas 6 services de trop qui provoquerait l’indigestion fatale – histoire de ne pas entendre les 12 coups de minuit avec la tête dans la cuvette des toilettes.

Quoi ? Tu n’as pas de liste de bonnes résolutions ?

Enfin, la fin d’année c’est aussi le moment de prendre de bonnes résolutions, même si on sait qu’elles ne durent en général que du 2 au 4 janvier. La plus récurrente est de perdre du poids… Ce n’est pas tout de finir l’année avec le foie aussi gras que celui d’une oie, dès janvier il est grand temps de penser à son « beach body ». Pas de risque de l’oublier, les unes des magazines « féminins » ne manqueront pas de le rappeler à tout va  ! Celles-là mêmes qui, en décembre, donnaient tous les trucs et astuces pour une cuisson de dinde PAR-FAITE. Bon, et si à la place on prenait la bonne résolution de relâcher un peu la pression autour de cette période de l’année  ? Ce serait un bon premier pas pour arrêter de juger celles et ceux qui n’aiment pas les fêtes ou qui s’en fichent, non ?

Fanny ColardAutrice