S’il représente le mouvement et les changements de société, le magazine que vous tenez entre les mains évolue surtout au gré de ses rédactrices en cheffes. Ces travailleuses de l’ombre initient des projets, composent des lignes éditoriales, partent à la rencontre de leurs publics et gèrent les obstacles qui traversent leur route. Nous sommes allées à la rencontre de deux anciennes coordinatrices : Joëlle Sambi et Marie-AnaÏs Simon. Toutes deux ont été impliquées dans Femmes Plurielles à un moment stratégique : la transition numérique avec notamment la création du webzine.
JOËLLE SAMBI, Autrice, poétesse et slameuse
Quelle vision souhaitiez-vous insuffler au magazine ?
Avec le refonte du Femmes Plurielles, je voulais proposer un magazine qui réussisse la prouesse de conserver la liaison avec ses publics traditionnels tout en proposant un contenu neuf qui attirerait de nouvelles lectrices. Je souhaitais valoriser cet héritage de la structure tout en montrant son évolution, que les lignes à l’intérieur du mouvement bougeaient. Cet équilibre entre le passé et le présent se ressent d’ailleurs très fort surtout dans les premiers numéros, notamment dans le travail graphique.
Comment avez-vous appréhendé l’arrivée du numérique au sein du mouvement ?
La fracture numérique est une vraie question pour un mouvement comme celui des FPS qui brasse des militantes de tous les âges mais aussi, majoritairement des couches sociales populaires avec donc un pouvoir d’achat et/ou des conditions économiques limitées. Pour moi qui suis d’une génération « à cheval » entre le papier et le numérique, j’avais un peu peur que nous cédions aux sirènes du « tout numérique ». Mais la réflexion menée au sein du mouvement, avec les régionales, sur le travail de refonte, a permis de balayer cette crainte, de maintenir la gratuité (très important) tout en concevant le site internet comme une véritable plus-value.
Que retenez-vous de votre implication dans ce magazine ?
J’ai adoré travailler sur le magazine. Entre les réunions de rédaction, la recherche d’infos, les enquêtes, les interviews, interroger des personnes très éloignées c’était à chaque fois un petit défi. La refonte du magazine et la création du site internet n’aura pas été possible sans l’engagement des collègues à la communication en régionale, du service études au SG mais surtout grâce à Elisabeth Meur-Poniris qui a mené un travail considérable, en partant de zéro, pour la conception du site internet « Femmes Plurielles », à Marie-Anaïs Simon qui a été d’une justesse efficace et fraîche et bien entendu à Stéphanie Jassogne qui a mis son expérience au service de ce gros projet.
Comment voyez-vous l’avenir du magazine dans les prochaines années ?
L’avenir serait pour moi, d’affirmer des positionnements rédactionnels moins généralistes et en prise avec les avancées féministes actuels…mis cela me semble être bien parti !
MARIE-ANAÏS SIMON, Fondatrice des Potions de Mana
Quelle vision souhaitiez-vous insuffler au magazine ?
Je voulais ne pas uniquement retranscrire en ligne le magazine papier. Je voulais profiter du média et de sa richesse, emmener de nouveaux types de contenus. L’un des projets les plus chouettes a été ma collaboration avec Marine Spaak qui adaptait en BD certaines de nos analyses.
Je cherchais au maximum l’interaction avec notre lectorat, notamment au travers de la rédaction. Joëlle a emmené beaucoup d’intersectionnalité dans le magazine. Pour moi ça faisait sens de laisser la parole à d’autres voix, d’autres personnes.
Que retenez-vous de votre implication dans ce magazine ?
Je retiens beaucoup d’échanges et d’interactions différentes que ce soit dans la rédaction d’articles ou l’intégration de contenus. J’ai beaucoup aimé travaillé sur la forme des articles, sur comment les adapter en format web. La coordination des dossiers était aussi vraiment intéressante : comment on choisit de mettre en évidence un sujet tout en gardant une cohérence. Comment on apprend à se renouveler.
J’ai eu la chance d’être coordonnée par Joëlle avant de reprendre les rênes seules. Sans elle je ne pense pas que je serais arrivée à coordonner le Femmes Plurielles comme je l’ai fait.
Comment voyez-vous l’avenir du magazine dans les prochaines années ?
Je pense que ce magazine, pour qu’il continue à vivre et à s’épanouir, doit profiter des ressources du numérique et de l’interactivité que ça propose. L’avenir d’un magazine en ligne c’est d’intégrer les publics dans le processus pour que les contenus continuent de faire sens. C’est vraiment pour ça qu’internet et les réseaux sociaux sont présents, il ne faut pas que ça vienne uniquement de nous, il faut partir de ce que nos publics ont envie de partager.