1981, Ritchie, Roscoe et Colin se croisent au crépuscule de leur adolescence. Issus de milieux très différents, ces garçons pleins d’ambitions et de rêves vont très vite se lier d’amitié. Pourtant dans la frénésie du Londres des eighties, un mystérieux «cancer gay» les guette…
Alors que nous vivons une situation sanitaire sans précédent, It’s a sin résonne particulièrement dans nos esprits. L’épidémie du Sida, très virulente au début des années ‘80, continue de faire des ravages. En 2019, on comptabilisait 1,7 million de nouvelles infections et 770 000 décès liés au VIH dans le monde.
It’s a sin, c’est avant tout le portrait d’une jeunesse sacrifiée sur fond de musique New Wave. Très vite, on se prend d’affection pour les résident·e·s du « Pink Palace » dont les trajectoires sont présentées sur une dizaine d’années. Malgré la dureté du sujet, la série offre une représentation vivante et poignante de la jeunesse gay londonienne. Portée par un casting particulièrement attachant, elle évite le pathos et les clichés souvent présents dans les œuvres sur le sujet.
Mieux encore, la nouvelle création semi-autobiographique de Russel T. Davies (Queer as folk) offre un regard sociétal particulièrement bien documenté sur les « années Sida ».
Entre les malades et leurs proches qui gravitent autour d’elles·eux avec plus ou moins de bienveillance, les protagonistes doivent également affronter le regard que le monde porte sur la maladie et sur leur sexualité. Et c’est bien ça qui fait la force de la série. Soutenue par une réalisation solide et minutieuse, le message principal est que l’indifférence, les discriminations et l’homophobie tuent également. Face à l’inaction du monde politique et aux stigmates associés à la maladie, une véritable militance de l’ombre s’organise.
C’est ce qu’illustre notamment le personnage de Jill. Fortement engagée et très présente pour ses amis, elle s’inspire d’une véritable militante, Jill Nalder, qui a longtemps joué un rôle de confidente pour ses proches. Même si l’on peut déplorer l’absence d’autres protagonistes féminines majeures, Jill cimente le groupe d’ami·e·s et représente un important fil rouge dans l’intrigue.
Pour ses personnages tout en nuance, sa bande-son et son optimisme paradoxal, It’s a sin est une série à ne rater sous aucun prétexte. Elle est à voir et à revoir sur Auvio.
Des questions que l’on se pose
C’est quoi au juste le Sida ?
Le Sida est un acronyme signifiant syndrome d’immunodéficience acquise. On « l’attrape » via le virus du VIH présent dans le sang (par exemple lors d’échanges de seringues), les sécrétions vaginales, le sperme (lors de relations orales, anales et vaginales non protégées) ou encore dans le lait maternel.
Une personne est considérée comme séropositive lorsqu’elle est porteuse du VIH (sans pour autant présenter forcément des symptômes). Avoir le Sida c’est être au stade le plus avancé de l’infection par le VIH , la maladie est alors déclarée. Ce virus s’attaque au système immunitaire. Il l’affaiblit, ce qui ouvre la porte à des maladies opportunistes (des pathologies bénignes en temps normal, mais qui peuvent s’avérer dangereuses pour les personnes dont le système immunitaire est faible) et à certaines formes de cancer.
Pourquoi certaines personnes sont-elles plus touchées que d’autres ?
On a longtemps parlé de « cancer gay », car la maladie touchait principalement les communautés homo[1]sexuelles des grandes villes (New York, Paris…) au départ. Certaines communautés religieuses y voyaient ainsi un châtiment divin visant à éradiquer les « pêcheurs gays ». Aujourd’hui encore, le Sida fait de nombreux dégâts chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH). Selon le magazine Têtu, plusieurs raisons peuvent l’expliquer :
- La banalisation de la maladie chez les jeunes homosexuels.
- Les tabous persistants autour de la séropositivité.
- En France, une médecine safe et gay-friendly qui peine à se généraliser. Le magazine déplore également un manque de communication ciblée.
- L’augmentation des autres IST qui offrent des « portes d’entrée du VIH dans le corps »
- La faible utilisation du préservatif liée à la méconnaissance généralisée sur les relations sexuelles hors des cadres hétéronormatifs (selon les chiffres LGBT Paris, seulement 53 % des gays l’utilisent toujours).
- La consommation de certaines drogues qui sont surreprésentées chez les gays.
D’autres sources évoquent également les comportements sexuels à risques, la précarité, la difficulté d’accès à l’information et les nombreuses discriminations qui entourent les homosexuels.
Par ailleurs, la crise du Covid-19 a rendu plus difficile l’accès à des dépistages .
Même si les HSH sont parmi les principales personnes touchées par le Sida, il est à noter que le virus existe partout et touche tous les groupes de la population .
À noter également qu’en 2016, « les nouvelles infections dans le monde chez les 10-24 ans concernent à 65 % des adolescentes et de jeunes femmes ».
Comment me faire dépister ?
Si vous éprouvez le moindre doute, rendez-vous en Centre de Planning Familial pour obtenir un suivi en toute discrétion.
Pour en savoir plus : https://www.planningsfps.be/ nos-dossiers-thematiques/sida-et-infections-sexuellement-transmissibles-ist/