Le 28 septembre 2020, à l’occasion de la Journée mondiale pour la dépénalisation de l’avortement, partout dans le monde, associations et société civile sont une nouvelle fois montées au créneau pour défendre et revendiquer le droit à l’avortement. En 2020, la lutte pour la liberté des femmes à disposer de leur corps reste quotidienne. Les reculs législatifs et les nombreux mythes véhiculés autour de ce droit, notamment par les anti-choix, sont malheureusement toujours d’actualité.

Dans le monde, un accès à l’avortement très inégal

Alors que les Pays-Bas autorisent l’interruption volontaire de grossesse (IVG) jusqu’à 22 semaines d’aménorrhée (absence de règles), le Salvador l’interdit totalement y compris en cas de viol et de danger pour la vie du fœtus et de la femme enceinte. Au Brésil, depuis peu, les victimes de viols désirant avorter doivent « raconter en détail » ce qui s’est passé, et sont averties qu’elles risquent des poursuites judiciaires si elles ne peuvent pas prouver leurs dires . Ces derniers mois, en Belgique, la liberté des femmes à disposer de leur corps s’est retrouvée au cœur d’un marchandage politique honteux. Alors qu’il s’agit d’un droit fondamental, les attaques répétées, les reculs législatifs et les jeux politiques minimisent et relèguent au second plan les droits des femmes. En Belgique ou ailleurs, ces attaques au droit à l’avortement s’inscrivent dans le contexte de continuum des violences faites aux femmes puisque le contrôle exercé sur le corps des femmes constitue une forme de violence.

De nombreux mythes à déconstruire

En parallèle des attaques répétées au droit à l’IVG et des reculs législatifs, la diffusion d’idées reçues sur l’avortement, surtout sur Internet, est devenue monnaie courante. Il s’agit d’ailleurs d’une des techniques de communication privilégiée des anti-choix. Revenons sur quelques-uns de ces mythes qu’il est primordial de déconstruire car ils constituent une forme d’attaque à ce droit et participent, dès lors, à la stigmatisation de l’avortement.

  • « Les grossesses non désirées et les avortements concernent surtout les jeunes filles » : FAUX

Selon les derniers chiffres de la Commission d’évaluation relative à l’IVG datant de 2017, l’âge moyen des femmes qui avortent est de 28,5 ans. En 2011, le nombre d’IVG chez les filles de moins de 19 ans s’élevait à 2.662 soit 15,6% des avortement en Belgique . En 2017, ce chiffre était de 1.596 soit 9,24%.

  • « Plus le délai défini par la loi dans lequel la femme est autorisée à avorter est tardif, plus les femmes attendent avant d’interrompre leur grossesse » : FAUX

D’après les Centres de Planning familial des FPS (CPF-FPS), les femmes se rendent au sein de leur structure pour avorter de plus en plus tôt dans la grossesse. Le délai moyen de l’IVG au sein des CPF-FPS se situe aux alentours de 7 semaines de grossesse.

  • « Si les lois sur l’avortement étaient supprimées ou s’il devenait très difficile de se faire avorter, le nombre d’IVG diminuerait » : FAUX

En cas de législations restrictives, les femmes trouveront toujours un moyen d’avorter. Elles se tourneront vers des avortements clandestins et dangereux pour leur santé et leur vie. Interdire l’IVG n’en diminuera donc jamais le nombre ! Il est primordial que des lois de santé publique encadrent ce droit afin qu’il puisse être pratiqué dans de bonnes conditions.

Il est essentiel que chacun·e d’entre nous prenne conscience de l’ampleur des attaques au droit à l’avortement dans le monde. Vigilance et lutte vont de pair et sont quotidiennes. Les associations de défense des droits des femmes militent et militeront encore pour faire reconnaitre le droit des femmes à disposer de leur corps à sa juste valeur, autrement dit, comme un droit fondamental !

L’avortement en Centre de Planning familial : un suivi pluridisciplinaire de qualité

En Belgique, la loi du 15 octobre 2018 mentionne que l’IVG doit intervenir avant la fin de la 12e semaine de conception. L’IVG n’a pas lieu lors du premier rendez-vous médical. La loi précise que la·le médecin ne peut au plus tôt pratiquer l’IVG que 6 jours après la première consultation, sauf s’il existe une raison médicale urgente pour la femme d’avancer l’interruption de grossesse. Chaque femme a le droit de demander d’interrompre une grossesse en Belgique, peu importe son âge et/ou sa nationalité. En Belgique, l’IVG peut être pratiquée soit à l’hôpital soit dans un centre extrahospitalier. Près de 85% des IVG sont pratiquées dans ces centres. Certains Centres de Planning familial pratiquent l’IVG, d’autres pas. Précisons néanmoins que tous les Centres de Planning familial peuvent accueillir les femmes souhaitant interrompre leur grossesse et les réorienter vers d’autres structures, le cas échéant. L’atout majeur de la prise en charge dans les structures extrahospitalières est l’accompagnement pluridisciplinaire de qualité, centré sur la personne, qui y est proposé (premier rendez- vous, intervention, suivi). L’équipe pluridisciplinaire accompagnant la femme est tenue au secret professionnel. L’intervention s’y déroule dans des conditions médicales optimales. Pour les bénéficiaires en ordre de paiement de cotisations à la mutualité, l’IVG est quasiment gratuite.

Plus d’informations sur la pratique de l’IVG en Belgique dans les Centres de Planning familial sur www. jeveuxavorter.be. Pour contacter le Centre de Planning familial de votre choix en Wallonie ou à Bruxelles : www.loveattitude.be. Plus d’informations sur la plateforme Abortion Right qui lutte pour le droit à l’avortement en Europe et dans le monde sur www.abortionright.eu.

Autrice
AutriceEloïse Malcourant