Perdre son emploi, tomber malade, se blesser, être trop âgé-e pour pouvoir travailler… Autant de désagréments qui risquent de nous arriver à toutes et tous et dont la sécurité sociale nous protège. Mais la sécu, qu’est-ce que c’est exactement ? D’où ça vient? Dans cet article, on vous dit tout !
La sécu, c’est quoi ?
La sécurité sociale permet de bénéficier de revenus de remplacement et/ou de compléments de revenu dans certaines circonstances. Lorsque l’entreprise de Joséphine a fermé, elle s’est vue octroyer une allocation de chômage le temps de retrouver un emploi. À 65 ans, Romuald a pu bénéficier d’une pension bien méritée. Quant à Sophie, tombée dans les escaliers, ses soins de santé (ambulance, plâtre, radios…) ont été remboursés. Mais elle couvre aussi d’autres domaines : les congés payés, les maladies professionnelles, les accidents de travail… La sécurité sociale bénéficie donc à chacun-e d’entre nous, à un moment ou l’autre de notre vie. C’est un instrument indispensable de solidarité entre les personnes et un excellent moyen de lutter contre la pauvreté.
Qui paye pour la sécurité sociale ?
En Belgique, la sécurité sociale repose sur la solidarité. On ne cotise pas uniquement pour ses propres (futurs) besoins, mais pour ceux de l’ensemble de la population. Le but du système n’est pas de faire du profit, mais bien d’assurer un revenu et un niveau de vie minimum à chaque citoyen-ne. Les travailleuses/eurs mettent en commun une partie de leur salaire brut (ce sont les « cotisations ONSS » sur leur fiche de paie). On dit qu’elles/ils cotisent. Cette cotisation représente 13% de leur salaire brut. Les employeuses/eurs paient tous les mois, pour chaque travailleuse/eur, une cotisation supplémentaire. Elle s’élève à environ 30% de la rémunération brute de la/du salarié-e. Enfin, l’État fédéral participe également au financement de la sécurité sociale par le versement de subventions et d’une partie des recettes de certaines taxes (comme la TVA ou les accises sur le tabac par exemple).
Comment est réparti l’argent ?
L’ensemble de ces contributions est mis dans un pot commun : l’ONSS (Office National de sécurité sociale). Cet organisme central est chargé de la perception, de la gestion et de la répartition de tout cet argent. Le budget de la sécurité sociale s’élève à plus ou moins 121 milliards d’euros par an. Celui-ci vient donc des travailleuses/eurs, des employeuses/eurs et de l’État fédéral [1]. Il est ensuite redistribué entre différents organismes qui couvrent chacun différents « risques de la vie » : la maladie et l’invalidité (INAMI – Institut National d’Assurance Maladie-Invalidité), le chômage (ONEM – Office National de l’Emploi), les vacances annuelles (ONVA – Office National des Vacances Annuelles), la pension (SFP – Service Fédéral des Pensions), les risques professionnels (FEDRIS – Agence Fédérale des risques professionnels), et dans une moindre mesure, les allocations familiales (dont s’occupent maintenant les régions depuis la 6e réforme de l’État). Ces différents organismes se chargent alors de redistribuer l’argent à celles et ceux qui en ont besoin, et notamment, selon les chiffres de la FGTB en 2017 :
- la pension de 2.100.000 pensionné-e-s ;
- les allocations de chômage de 612.000 travailleuses/eurs sans emploi et 107.000 prépensionné-e-s ;
- 169.000 victimes d’accidents du travail ;
- les remboursements des soins de santé et des médicaments de 6.700.000 citoyen-ne-s et des 3.125.000 personnes à leur charge ;
- les allocations familiales des 2.772.000 enfants de 1.600.000 familles ;
- des vacances annuelles à 4.500.000 travailleuses/eurs… Un peu d’histoire Notre système de sécurité sociale est le résultat d’une série de luttes, menées principalement par les ouvrières/ers. Encore au début du 20e siècle, leurs conditions de travail et de vie étaient désastreuses : logements misérables, maladies, travail des enfants, sous-alimentation… L’espérance de vie moyenne n’atteignait pas 65 ans. C’est pourquoi les travailleuses/eurs se sont battu-e-s pour améliorer leurs conditions. En 1903, la première assurance sociale obligatoire (contre les accidents du travail) voit le jour. L’assurance-pension, les congés payés et les allocations familiales suivront. Il faudra attendre la fin de la 2e guerre mondiale pour assister à la naissance de l’ancêtre de notre système de sécurité sociale actuel : l’arrêté du 28 décembre 1944 rend obligatoire l’assurance maladie-invalidité ainsi que l’assurance chômage et met en place l’ONSS.
Pourquoi faut-il la défendre ?
Aujourd’hui, notre système de sécurité sociale est fortement critiqué, notamment par une droite néolibérale qui y voit la source de tous nos maux et prêche l’austérité et la réduction des dépenses publiques comme seules issues à la crise. Le gouvernement fédéral ne cesse de prendre des mesures qui menacent ce que plusieurs générations ont mis des années à construire. Pourtant, la sécurité sociale, loin d’être un fardeau budgétaire, est bel et bien un moteur de développement économique et un puissant outil de lutte contre les inégalités sociales. Sans elle, un accouchement coûterait 2.500€ aux parents, contre 370 € environ actuellement. Les pensionnée-s ne pourraient compter que sur leurs économies (si elles et ils en ont). Le risque de pauvreté frapperait 45 % de la population belge. Et ce ne sont que quelques exemples… C’est pourquoi nous devons défendre la sécurité sociale et continuer à nous battre pour ces droits sociaux acquis de longue lutte.
[1] À noter que les allocataires qui n’ont pas d’emploi mais un revenu de remplacement cotisent également.