COMMUNIQUÉ DE PRESSE – 22 novembre 2022

Nous y sommes, le nouveau projet de loi autour de la semaine de 4 jours est sorti. Néanmoins, même si Soralia se réjouissait que ce dossier soit enfin mis sur la table des négociations par le Ministre de l’emploi, cette mesure va-t-elle vraiment répondre aux besoins et enjeux qu’elle prétend remplir : « Travailler moins pour vivre mieux » ??? Probablement pas !!!

Si la semaine de 4 jours en fait rêver plus d’un·e, il ne faudrait tout de même pas se leurrer, ou plutôt se laisser berner car, si ce projet vise bel et bien de travailler 4 jours sur la semaine plutôt que 5, il ne faut pas croire que le nombre d’heures totales de travail, ou bien même que la charge totale de travail à effectuer, va diminuer au pro-rata.

L’idée, loin d’être révolutionnaire, est de concentrer les heures de travail sur 4 jours plutôt que 5 … peut-on dès lors parler d’une réduction collective du temps de travail ? Une réduction de travail certainement pas et collective encore moins puisque seul le secteur privé est concerné !

Pour rappel, voici ce que nous entendons par « réduction collective du temps de travail » :

  • Une réduction pure et simple du temps de travail qui passerait (pour un temps-plein) de 38h à 32h par semaine ;
  • Des embauches compensatoires (pour éviter une surcharge de travail sur le dos des travailleuses·eurs qui devraient réaliser en 4 jours ce qu’elles·ils sont tenu·e·s de faire en 5 jours) ;
  • Le maintien du salaire dans sa totalité.

On ne peut que regretter le manque de considération, de recul et de connaissance quant aux réalités privées et professionnelles vécues par les travailleuses·eurs dans notre pays. Est-ce que travailler plus de 9 heures par jour est réellement réalisable quand on sait qu’il faut encore y ajouter les temps de trajets domicile/lieu de travail, ou encore quand on sait que cet horaire à rallonge ne sera pas conciliable avec les horaires des écoles, des crèches ou de la vie privée en général ? Et est-ce vraiment soutenable, sur le long terme ou même à court terme, de travailler plus de 9 heures par jour durant 4 jours alors que l’intention est tout de même d’avoir encore assez d’énergie à la fin de la semaine pour pouvoir s’adonner à d’autres activités, quelles qu’elles soient ? Les femmes sont encore majoritaires à porter la charge des enfants et du travail domestique, cette réforme est donc une nouvelle preuve que leur réalité de vie ne rentre pas en ligne de compte dans la réflexion des politiques publiques.

Pourtant, au-delà des bienfaits certains pour les travailleuses·eurs, il est également important de préciser  qu’une réduction collective du temps de travail engendrerait des bénéfices à l’ensemble du pays, comme par exemple la baisse du taux de chômage, la diminution des burn-outs et des arrêts maladie de longue durée, une augmentation de la productivité, etc.

C’est donc avec beaucoup de déception que nous découvrons ce nouveau projet qui, sans les 3 objectifs fondamentaux cités plus haut, ne pourra manifestement pas permettre à chacune et chacun de « travailler moins pour vivre mieux ». Voilà encore une opportunité manquée !

CONTACT :  Stéphanie.jassogne@solidaris.be