Au cours des 20 dernières années, la pornographie est devenue plus accessible avec internet. Aujourd’hui, toute personne qui dispose d’un accès à internet et d’un appareil connecté peut avoir accès à des contenus pornographiques.
La difficulté de régulation de la consommation de la pornographie pour les mineur·e·s
D’après une étude réalisée en 2023 par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique française (ARCOM), il est estimé que 12 % des internautes visitant des sites destinés aux adultes sont mineur·e·s. Cela monte même jusqu’à 17 % pour le site Pornhub. Dans la même étude, les supports de visionnage sont aussi abordés : pour les mineur·e·s, elles·ils sont 83 % à visionner ces contenus sur le smartphone contre seulement 55 % des adultes. Cela met en exergue une utilisation différenciée selon l’âge. La question de la pornographie se pose donc déjà dès le plus jeune âge. Au-delà des sites, on peut aussi retrouver des contenus pornographiques ailleurs, comme sur les réseaux sociaux. Récemment, X (anciennement Twitter) a autorisé les contenus pornographiques sur son site. La modération, déjà lacunaire sur cette plateforme, est maintenant inexistante. Par ailleurs, d’après une étude allemande de 2022, sur plus de 1 000 jeunes entre 15 et 17 ans, « 30 % d’entre eux ont été exposés à du contenu sexuel explicite via des vidéos ou images pornographiques, directement sur les réseaux sociaux (Instagram, Twitter ou Reddit) ». Elles·ils sont 24 % à être aussi confronté·e·s à ce type de contenu à travers les messageries privées comme WhatsApp ou Snapchat5. Les consommatrices·teurs de porno, les politiques, les propriétaires des sites pornographiques et productrices ·teurs s’accordent tou·te·s sur la problématique de l’accès de ces sites à des personnes mineures. Pourtant, aucune solution efficace n’a été trouvée jusqu’à présent.
La consommation genrée des contenus pornographiques
La confrontation à du contenu pornographique ne se limite donc pas aux sites, elle est bien plus répandue et ne concerne pas les genres de manière égale. En effet, dès les premières confrontations à la pornographie, une réalité genrée apparaît : les garçons sont plus nombreux à consommer du porno que les filles. À 12 ans, 1 garçon sur 2 et 1 fille sur 3 se rend sur un site pornographique régulièrement, pour une moyenne de 57 minutes par mois pour les garçons contre 49 minutes pour les filles. À l’âge adulte, l’écart genré de visionnage du porno persiste, avec 56 % des hommes contre 21 % des femmes qui consultent des vidéos pornos chaque mois7. Le temps passé sur le site est aussi marqué par des différences genrées pour les jeunes entre 14 à 17 ans, les garçons passent près de 2 fois plus de temps par mois que les filles. Pour les hommes adultes, ce chiffre monte à 3 fois plus de temps que les femmes sur ces sites, 2 h 20 contre 43 minutes en moyenne pour les femmes8.
Relations, sexualités et identités : la campagne EP de Sofélia qui aborde ces sujets
Il est primordial d’ouvrir la discussion et de développer l’esprit critique de toutes les personnes qui sont confrontées à la pornographie ou qui en consomment, afin d’avoir une meilleure compréhension des enjeux personnels, mais aussi collectifs que représente la pornographie aujourd’hui dans notre société. Le développement de cet esprit critique doit se défaire d’une vision culpabilisante ou moralisatrice de la pornographie. C’est dans cet objectif que Sofélia a décidé de mener sa campagne en Éducation permanente sur les enjeux de l’Éducation de la Vie Relationnelle Affective et Sexuelle (EVRAS) et du numérique. Dans cette campagne, la pornographie, le masculinisme en ligne, la visibilité de la communauté LGBTQIA+, les influenceuses ·eurs traitant de l’EVRAS et les violences sexistes en ligne liées aux intelligences artificielles sont abordées. Un quizz et 5 fiches informatives ont été créés afin de tester vos connaissances sur le sujet et d’en apprendre plus sur les différentes thématiques.
La campagne de Sofélia Relations, sexualités, identités : Décodons l’EVRAS à l’heure du numérique est à découvrir sur le site : www.sofelia.be
