Témoignages 

« Maman souffre de diabète et d’insuffisance rénale. Depuis le décès de papa, il y a 10 ans, elle vit seule. Mes sœurs et moi nous occupons de tout : ses courses, l’entretien de sa maison, ses finances, ses déplacements chez les médecins. Sans nous, elle ne pourrait plus vivre chez elle ! »

« Notre petit dernier est autiste et a une santé très fragile. Il demande une attention de chaque instant alors j’ai dû arrêter de travailler, car même une réduction de mon temps de travail n’était plus conciliable avec ses besoins. Je culpabilise de laisser mon mari porter à lui seul notre famille. Nous sommes très fatigués, mais personne ne peut nous aider, d’ailleurs, beaucoup de nos amis ne prennent même plus de nos nouvelles. »

« Parfois, je n’ose pas dire aux professionnels quoi faire ou comment le faire. Car je ne veux pas faire comme si j’allais leur apprendre leur métier. Mais à force de voir comment les professionnels font, je commence à m’y connaître aussi finalement. »

« Je suis maman d’un pré ado handicapé et j’héberge depuis un an mon papa âgé de 69 ans. Le quotidien est très difficile et je suis au bord de l’épuisement comme beaucoup d’aidants, j’imagine. »

« On devrait même pouvoir valoriser au niveau professionnel les compétences qu’on développe en tant qu’aidant proche. Par exemple, lorsqu’il y a des tensions entre collègues, j’utilise parfois des méthodes de communication que j’ai apprises pour mon fils autiste. »

« On ne peut pas être aidant proche à 100 %, sinon on craque après quelques semaines ! Et on ne peut pas se permettre de sombrer. Par exemple, moi je me suis retrouvée aux urgences et ça a été la panique parce que je me suis demandé ce qu’il se passerait pour mon mari si je ne pouvais plus m’occuper de lui. »

« Du travail il n’y en a malheureusement plus pour tout le monde, les emplois disponibles sont rares… Je suis chômeuse et pourtant au quotidien j’ai souvent l’impression d’être bien plus épuisée que si j’avais un emploi… »

« Je voudrais garder mon mari à la maison, car il a encore toute sa conscience. Mais je dois aussi continuer à travailler à temps plein pour faire rentrer un salaire. La difficulté, c’est de trouver la personne adéquate, le bon service pour quand je ne suis pas là. Par exemple, je n’imagine pas le placer dans un centre de jour avec des personnes handicapées mentalement, alors qu’il a encore toute sa tête. »

« Au début, j’ai pris des congés sans solde et des congés maladie pour m’occuper de mon mari. Et maintenant, je ne travaille plus qu’à mi-temps. Sinon, je ne pourrais pas aller le conduire au centre de jour où il est. »

« Je ne me suis jamais accordé de répit pendant plusieurs années, je n’ai jamais eu le droit d’être malade ou fatiguée, j’ai essuyé mes larmes de désarroi, d’inquiétude, j’ai géré les difficultés financières… »

Ces témoignages proviennent de deux brochures :

MICHAUX Aude et al. Suis-je aidant proche ?, ASBL aidants proches, Belgrade, 2021.

PEQUET Sandrine, Aidants proches indispensables, mais invisibles, Question Santé, Bruxelles, 2015.

Autrice
AutriceElise Voillot