Mme Coumba Yambe Seck © Solsoc 2021
Au Sénégal, une grande majorité de la population (sur)vit grâce à l’économie informelle, notamment dans le monde rural, qui emploie 80 % des travailleuses∙eurs du pays. Solsoc et ses organisations partenaires au Sénégal oeuvrent pour la structuration et la mise en réseau d’initiatives d’économie sociale et solidaire, c’est-à-dire des coopératives capables de générer des revenus pour leurs membres, et qui sont particulièrement attentives à la participation des jeunes et des femmes.

Qu’est-ce que l’économie sociale et solidaire ?

Alternative au modèle néolibéral, l’économie sociale et solidaire promeut un système basé sur la solidarité, sur la participation démocratique et sur la redistribution des revenus en tenant compte du travail fourni et non de la rémunération du capital.
La mise en place d’une économie sociale et solidaire a pour effet la création d’emplois décents, le développement local, la prestation de services sociaux de base et l’insertion de personnes en situation d’exclusion économique et/ou sociale.

La participation des femmes

Au Sénégal, Solsoc soutient le travail de Green Sénégal, une ONG bien ancrée à Thies et dans sa région, dont la mission est de « contribuer à une sécurité alimentaire par la promotion d’une agriculture durable et à la protection et à la préservation de l’environnement ». Cette association accompagne des communautés vulnérables afin qu’elles développent des activités agricoles leur permettant ainsi de générer des revenus et d’améliorer à leur autonomie financière et leur sécurité alimentaire.

Les groupements appuyés par Solsoc et Green Sénégal sont actifs principalement dans la transformation de produits alimentaires. Ainsi, la coopérative « FASS DIOM », à Thiénaba, regroupe un peu moins de 600 femmes qui transforment de la noix de cajou, des céréales locales, des fruits et des légumes. Les produits, une fois transformés, sont vendus localement sur les marchés, dans des magasins, et aussi parfois revendus dans des boutiques à l’étranger.

« Ici à Fass Diom, nous sommes 15 groupements et intervenons dans 5 villages, au total 567 personnes. Notre activité principale était au départ la transformation de noix de cajou, mais quelque temps après, on y a associé d’autres programmes comme la transformation de céréales locales de fruits et légumes. Nous sommes actuellement en chantier pour nous agrandir. Nous construisons un nouveau bâtiment pour accueillir de nouvelles unités de transformation. Malgré les travaux, nous continuons la production.
Nos clients sont des boutiquiers de Thiénaba et des environs, toutes les boutiques vendent nos produits.
Il y a même des gens qui viennent acheter nos produits pour les revendre ailleurs. Nous avons aussi des clients au Burkina Faso, en Italie, en France, pas uniquement au Sénégal. Nous avons même une cliente au Japon. Les gens viennent nous acheter et revendent ensuite.
Fass Diom, c’est une association qui crée de l’emploi. Des femmes et jeunes filles qui allaient travailler à Dakar comme bonne, on les récupère pour qu’elles viennent travailler à Fass Diom. Ici, après les travaux, nous aurons une boutique devant la porte. Nous allons recruter des personnes pour gérer la boutique et pour la transformation de céréales. »

Madame Nogaye Sow, secrétaire générale de l’association FASS DIOM de Thiénaba

Travailleuse sourde et muette de la coopérative « Keur Djiguene GNI », © Solsoc 2021

Une travailleuse sourde et muette de la coopérative « Keur Djiguene GNI », © Solsoc 2021

La coopérative « Keur Djiguène GNI », située à Thiès, emploie des femmes en situation de handicap, leur offrant ainsi une opportunité de travail et de valorisation de leurs compétences.

« Dans notre coopérative nous nous occupons de la transformation de produits agricoles locaux : céréales, fruits et légumes, lait, mais nous faisons aussi du savon.
Ici, nous employons des femmes sourdes-muettes. Elles ont un double handicap, nous ne pouvons pas les laisser dans la rue. Pour lutter contre l’exclusion, il faut activement pratiquer l’inclusion. Elles font partie de la société et il faut donc les aider à travailler comme les autres.
Il y a aussi des femmes avec des déficits intellectuels. Nous avons vu que si on ne les surcharge pas, elles peuvent faire les tâches, comme celle de faire la confiture, comme les autres femmes. »

Madame Coumba Yambe Seck, présidente de « Keur Djiguene GNI »

Les initiatives d’économie sociale et solidaire vectrices d’émancipation économique et sociale

La plupart des femmes actives dans ces dynamiques en tirent un revenu d’appoint, et pour certaines, leur revenu principal. Ceci leur permet de participer financièrement aux besoins de leur ménage et aux frais de scolarité de leurs enfants, mais aussi de cotiser à une mutuelle de santé et d’accéder ainsi à des soins de qualité et abordables financièrement.
Pour elles, être membre de ces coopératives renforce leur émancipation économique et ainsi de pouvoir, par exemple, mettre fin à des mariages non désirés, mais cela leur permet aussi d’avancer vers une émancipation sociale par le nouveau rôle financier qu’elles jouent au sein de leur famille et par le fait d’être incluses dans des réseaux de solidarité.
Un autre aspect à ne pas négliger est que ces travailleuses bénéficient d’une formation qualifiante à laquelle elles n’auraient pas eu accès autrement, notamment en milieu rural.

Solsoc est une organisation non gouvernementale (ONG) agréée par la Coopération belge au développement (DGD). Elle est l’une des organisations de solidarité internationale de l’Action commune socialiste. En partenariat avec différentes composantes de celle-ci, Solsoc soutient des mouvements sociaux en et des organisations de la société civile en Afrique, Amérique latine et au Proche-Orient afin de contribuer à un changement social progressiste, laïque et démocratique en faveur des droits humains, du Travail décent et de la transition juste.
Plus d’infos : Mme Coumba Yambe Seck © Solsoc 2021
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