La croissance démographique est un enjeu pressant au Burkina Faso, qui compte l’un des taux de fertilité les plus élevés au monde. Pourtant, les femmes ont difficilement accès à des informations de qualité concernant l’Éducation à la vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS).

DES INÉGALITÉS CRIANTES EN MATIÈRE D’ÉDUCATION

Le système éducatif burkinabé connait des disparités d’un point de vue régional, économique et de genre, ainsi qu’une faible qualité pédagogique. Selon une analyse de l’UNICEF, le taux brut de scolarisation à l’école primaire a connu une amélioration en passant de 78 % en 2011 (dont 75 % pour les filles) à 86 % en 2016 (85,9 % pour les garçons et 86,4 % pour les filles). Cependant, la situation change au niveau du secondaire. Dans les zones rurales, il y a peu d’écoles secondaires, les familles hésitent à envoyer leurs filles dans les zones urbaines pour étudier et n’en ont pas forcément les moyens financiers. Le taux d’alphabétisation dans les zones urbaines est de 63  % contre 19  % en milieu rural. Des écarts sont observés entre hommes (43  %) et femmes (20  %) [1] . La pauvreté des familles, les tâches ménagères, les mariages précoces et forcés et les grossesses non désirées affectent la scolarité des filles. L’insécurité dans le Sahel force également les populations à se déplacer et donc à déscolariser leurs enfants.

LES FEMMES NÉGLIGÉES PAR LE SYSTÈME DE SANTÉ

Ce sont surtout les femmes qui rencontrent le plus d’obstacles pour bénéficier de l’éducation à la santé sexuelle et reproductive, principalement organisée dans les centres de santé. Elles doivent souvent obtenir l’accord de leur conjoint pour accéder aux services de santé et aux méthodes contraceptives modernes. Le taux de prévalence contraceptive [2] en 2018 ne s’élevait qu’à 22 % des femmes âgées de 15 à 49 ans. Souvent sous la tutelle de leur mari, les femmes n’ont qu’un faible pouvoir économique et donc un accès réduit aux moyens contraceptifs, qui coutent cher. En milieu rural, l’éloignement des services sanitaires et d’éducation en santé a un impact direct sur la fréquentation des femmes aux consultations prénatales et sur les accouchements. Il faut souligner ici que le taux de mortalité maternelle est l’un des plus élevés au monde ; les décès en couches sont la deuxième cause de mortalité des filles de 15 à 19 ans.

ASMADE EN ACTION POUR LE DROIT DES FILLES ET DES FEMMES

ASMADE (Association Songui Manégré/Aide au Développement Endogène), le partenaire burkinabé de l’ONG Solsoc, lutte contre la pauvreté et promeut les droits sociaux au Burkina Faso. Près de 15 ans après sa création, l’association touche directement ou indirectement plus de 2 millions de personnes dans les secteurs de l’éducation, la santé, la formation et l’emploi. Selon Caroline Tapsoba, cheffe de département de projets et programmes chez ASMADE, avec qui Solsoc a eu un entretien, l’État s’est engagé, depuis le 1er juin 2019, à fournir des services de planning familial gratuits, notamment des contraceptifs et des consultations médicales. Pour que cette décision soit soutenue et qu’elle garantisse une véritable protection des droits des filles et des femmes, il faudra qu’elle soit accompagnée par une large campagne de sensibilisation au niveau national. Au regard de cet engagement de l’État, ASMADE accentue ses actions d’information, d’éducation pour un changement de comportement et de mobilisation sociale afin qu’en 2020 le taux de prévalence contraceptive atteigne 32 %. Ce sont principalement les publics jeunes, les adolescent-e-s, qui suivent les programmes d’éducation en santé sexuelle et reproductive. Caroline Tapsoba explique qu’«  ASMADE attache aussi une importance particulière au suivi des engagements pris par les décideuses/eurs au travers d’actions de plaidoyer afin d‘améliorer la santé des populations. » Des actions de sensibilisation, de communication et d’éducation sont mises en place tant par les actrices/ eurs de l’État que de la société civile afin que toutes les personnes dans le besoin puissent profiter de ce droit d’accéder gratuitement aux méthodes contraceptives. L’éducation à la santé est certainement la voie qui permettra de surmonter les obstacles auxquels les filles et les femmes sont confrontées quotidiennement et ainsi promouvoir une société plus égalitaire.

Solsoc est une organisation non gouvernementale (ONG) de coopération au développement. Avec des organisations du Sud, elle combat l’exclusion et les inégalités en Bolivie, au Burkina Faso, au Burundi, en Colombie, au Maroc, en Palestine, au Sénégal et en République Démocratique du Congo, ainsi qu’en Belgique. Leur objectif commun est de contribuer à la construction d’un monde plus juste et plus démocratique.

Plus d’infos : WWW.SOLSOC.BE

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[1] Données de la Banque Mondiale 2015.

[2] Le taux de prévalence contraceptive représente la proportion de femmes mariées âgées de 15 à 49 ans qui utilise une méthode contraceptive quelconque.

Maïté VerheylewegenAutrice