En 2022, à l’occasion des 100 ans des FPS, chaque numéro de Femmes Plurielles dévoile une tranche de l’histoire du mouvement dans les pages de ce feuillet détachable. Ces phases de notre histoire sont abordées au travers d’un événement ou d’une tendance propre à chaque période évoquée. Au travers de textes, photos, anecdotes, portraits, ce feuillet explore notre passé sous de multiples facettes.
CE PREMIER ÉPISODE COUVRE LE PREMIER QUART DE SIÈCLE DES FPS, C’EST-À-DIRE LA PÉRIODE DE 1922 À 1947. IL S’ATTACHE PLUS PARTICULIÈREMENT À LA NAISSANCE DE NOTRE ASSOCIATION ET SES PREMIÈRES ANNÉES D’EXISTENCE.
La naissance des FPS est fortement liée à l’histoire des mutualités qui débute en Belgique au 19e siècle. Le pays est alors en plein essor industriel et les conditions de vie de la classe ouvrière sont particulièrement pénibles, causant de nombreuses maladies, accidents, insalubrités et malnutritions. Les salaires bas empêchent bien souvent de payer des soins de qualité (voire des soins tout court). Or, qui dit maladie ou accident, dit arrêt de travail et absence de salaire. Partant de ce constat, les premières « sociétés de secours mutuels », parfois appelées « caisses de prévoyance », voient le jour dans les années 1820. La mise en commun des cotisations permet ainsi d’aider les membres dont une éventuelle difficulté financière limite l’accès aux soins de santé. À cette époque, l’affiliation à ces « ancêtres des mutualités » était libre et volontaire, mais elle ne donnait généralement droit à l’intervention de l’assurance que pour la·le cotisant·e. En pratique, l’affiliation du chef de famille ne garantissait aucune intervention en cas de maladie de ses enfants ou de son épouse, dont la protection sociale n’était de ce fait pas assurée. Les ouvrières vont alors s’organiser pour remédier à ce problème.
C’est dans ce contexte que diverses caisses d’entraide mutuelle féminines voient le jour. La première à porter le nom de La Femme Prévoyante est créée en 1913, au sein d’une mutualité socialiste locale. Ces structures visent à répondre aux besoins spécifiques relatifs à la santé des femmes ouvrières, alors particulièrement mise à l’épreuve lors de grossesses peu suivies médicalement ou d’accouchements dans des conditions d’hygiène minimalistes. Pourtant, à l’époque, seule une minorité de femmes était affiliée à une mutualité. Or, pour Arthur Jauniaux et Émile Vandervelde, figures du socialisme belge de l’époque, l’émancipation de la classe ouvrière n’était possible que si les femmes participaient elles aussi à l’effort collectif de solidarité.
C’est pourquoi, en 1922, l’Union nationale des fédérations mutualistes socialistes décide de créer un secrétariat spécifiquement chargé de promouvoir le concept de mutualité auprès des femmes belges. Claire Baril en prend la tête [1] . Ce secrétariat national s’inspire des expériences de terrain des caisses locales de La Femme Prévoyante et en reprend le nom. Il a pour mission première de défendre le droit à la santé des femmes et d’assurer la protection des mères et de leurs enfants via un système de couverture sociale efficace. Avec l’appui de fortes personnalités socialistes telles que Marie Spaak, Isabelle Blume et Denise Durant, les FPS promeuvent la participation des femmes en politique, un levier d’action pour obtenir des avancées en faveur des droits des femmes. Ensemble, elles revendiquent le droit de vote aux élections législatives et provinciales, la protection de la mère isolée, la protection lors de l’accouchement, la lutte contre les taudis et la protection de la santé des écoliers [2] .
Dans le feuillet central du prochain numéro de ce magazine, nous parcourrons les 25 années suivantes de l’histoire de notre association, entre 1947 et 1972.
À suivre…
[1] . GUBIN Éliane, JACQUES Catherine, PIETTE Valérie, PUISSANT Jean (dir.), Dictionnaire des femmes belges — XIXe
et XXe siècles, Racine, 2006, p. 409
[2] VERBIEST Jean, Un regard sur les Femmes Prévoyantes Socialistes, Bruxelles, 1986, p.