En 2022, à l’occasion des 100 ans des FPS, chaque numéro de Femmes Plurielles dévoile une tranche de l’histoire du mouvement dans les pages de ce feuillet détachable.
DU COMBAT POUR L’ACCESSIBILITÉ À LA CONTRACEPTION ET À LA DÉFENSE DU DROIT À L’AVORTEMENT, LES FEMMES PRÉVOYANTES SOCIALISTES (FPS) ET LEURS CENTRES DE PLANNING FAMILIAL ONT ÉTÉ PIONNIÈRES·IERS EN MATIÈRE DE LUTTE POUR L’ACCÈS AUX DROITS SEXUELS ET REPRODUCTIFS EN BELGIQUE.

En 1956, la pilule contraceptive, mise au point par le docteur Pincus, voit le jour aux États-Unis. Véritable révolution, la pilule deviendra le symbole de la libération sexuelle des femmes. Malgré sa commercialisation en Belgique, l’information et la publicité de toute forme de contraception sont interdites par la loi du Premier ministre Carton de Wiart depuis 1923, et ce, pour des raisons natalistes, suite à la Première Guerre Mondiale. Cette loi a complété celle de 1897 interdisant totalement l’interruption volontaire de grossesse (IVG). À ce moment-là, au vu des législations restrictives en matière de droit à disposer de son corps et du manque d’informations relatives à la contraception, les femmes se retrouvaient dans l’obligation de se tourner vers l’avortement clandestin malgré les risques d’un tel acte pour leur santé et leur vie. À ce propos, rappelons qu’interdire l’avortement n’en diminuera jamais le nombre, mais le rendra clandestin et risqué pour la santé des femmes. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 25 millions d’avortements non sécurisés sont encore pratiqués chaque année dans le monde. En Belgique francophone, le premier Centre de Planning familial est constitué par un groupe de personnes laïques en 1962, il s’agit de «La Famille heureuse ». Le premier Centre de Planning familial des FPS est créé, quant à lui, à Bruxelles, en 1965. À l’origine, les Centres de Planning familial ont été mis en place afin de permettre aux couples de trouver des conseils pour «planifier» l’agrandissement ou non de leur famille. Les Centres étaient aussi, dès leur création, des lieux d’écoute et d’information en matière de sexualité et de contraception où les professionnel·le·s recevaient le grand public sans tabou et en toute confidentialité. Au fil des ans, les Centres ont développé d’autres types de consultations comme des consultations psychologiques, juridiques, sociales, médicales/gynécologiques et des animations en lien avec la vie relationnelle, affective et sexuelle (VRAS).

Willy Peers, figure majeure

«C’est par respect de la vie et de la personne humaine que je suis pour la dépénalisation de l’avortement médical. Ceux qui sont contre semblent être aussi contre la vie et la personne humaine» Willy Peers.

En 1970, le docteur Willy Peers fonde la Société belge pour la légalisation de l’avortement. Le docteur Peers, bien connu dans les années 60, mène alors un triple combat : l’introduction de l’accouchement sans douleur, la diffusion d’une contraception moderne et la modification de la législation réprimant l’avortement. C’est aussi en 1970 que les Centres de Planning familial seront reconnus et subsidiés en Belgique.

En 1973, c’est le début de «l’affaire Peers »…. Le docteur Peers est arrêté et emprisonné pour avoir pratiqué plus de 300 avortements à la maternité régionale de Namur. Par son acte de désobéissance civile, il contribue à briser le silence entourant la pratique de l’IVG en Belgique. Toujours en 1973, suite à une forte mobilisation des mouvements de femmes et du monde laïque, dont les FPS et leurs Centres de Planning familial, en soutien au Docteur Peers, la contraception est légalisée en Belgique. En effet, à partir de cette année-là, les contraceptifs seront assimilés aux médicaments, leur diffusion sera partiellement libéralisée et leur publicité autorisée. «L’affaire Peers» lancera le débat et la lutte pour la dépénalisation de l’avortement qui sera principalement portée par les milieux de gauche et laïques…

[Titre] Pour info, nous avons un peu « triché » en incluant l’année 1973.

Bénédicte GaspardAutrice
Autrice
AutriceEloïse Malcourant
Autrice
AutriceElise Voillot