En 2022, à l’occasion des 100 ans des FPS, chaque numéro de Femmes Plurielles dévoile une tranche de l’histoire du Mouvement dans les pages de ce feuillet détachable.
DANS CE TROISIÈME VOLET, NOUS NOUS PENCHONS SUR UN TOURNANT INDÉNIABLE POUR LES FPS : L’INSTITUTIONNALISATION, EN 1976, DE L’ÉDUCATION PERMANENTE EN BELGIQUE FRANCOPHONE.
Dès la fin du 19e siècle, le concept « d’éducation populaire » fait son apparition dans les mouvements de lutte ouvrière. Son but ? Valoriser l’émancipation culturelle, économique et sociale des travailleurs et travailleuses. Les conditions de travail ouvrier de l’époque ne laissent ni moment de détente ni d’apprentissage. Les mouvements ouvriers et partis politiques socialistes et catholiques, guidés par des motivations différentes, lancent des prémisses d’initiative d’éducation et d’action culturelle, notamment les « vacances ouvrières », une forme de tourisme social où les congés payés sont encadrés dans une perspective d’émancipation ouvrière.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, diverses lois sociales sont mises en place et favorisent le développement de l’éducation populaire, notamment la loi de 1921 qui permet aux structures ouvrières de s’organiser structurellement, afin de soutenir et de pérenniser leurs activités d’éducation populaire par des financements de l’État.
Les décennies qui suivent la Deuxième Guerre mondiale sont marquées par de fortes évolutions de la société : multiplication des associations, développement massif des milieux salariés, augmentation généralisée du niveau de vie et d’instruction des milieux ouvriers, démocratisation de l’accès à la culture, augmentation des congés payés provoquant l’abandon progressif du tourisme « social » au profit d’un tourisme « passif », de loisirs. Autant d’éléments qui font évoluer le concept d’éducation populaire vers l’éducation permanente, visant désormais l’ensemble des adultes. La notion de démocratisation culturelle prend également de l’ampleur, et avec elle l’apparition d’un « nouveau métier » : celui de l’animation socioculturelle. C’est au travers d’un arrêté royal en 1971 puis d’un décret en 1976 que l’éducation permanente s’institutionnalise. [1]
Les missions de base des Femmes Prévoyantes Socialistes s’inscrivent depuis toujours dans les fondements de l’éducation populaire. Dès lors que le cadre le permet, elles fondent des ASBL qui consacrent l’ensemble de leurs activités à ce domaine. C’est d’abord le cas de Famille et Culture (FAC), en 1971, qui a pour but « l’animation, la formation et la diffusion culturelle dans tous les domaines, pour les familles, mais aussi pour les jeunes et les adultes en général » [2] .
Vient ensuite, en 1978, la création de Formation Action Militantisme (FAM), qui est encore aujourd’hui le mouvement de promotion socioculturelle des FPS. Cette ASBL est créée à la suite de deux journées d’études internes sur le thème de l’animation socioculturelle, qui aboutissent à l’établissement de statuts reprenant presqu’à l’identique la définition de l’éducation permanente présente dans le décret de 1976. Au travers de FAM, une meilleure coordination entre les différentes entités FPS régionales en Wallonie et à Bruxelles se met en place et se structure.
En 1990, la loi Busquin précise et redéfinit les missions des mutualités, ce qui implique l’absorption des caisses primaires, dont notamment les FPS. Ce volet-là des activités du Mouvement disparaît donc, entraînant encore un recentrage autour des actions d’éducation permanente. Deux tournants structurels majeurs en termes d’organisation, qui n’éloignent toutefois jamais les FPS de la philosophie d’action de leurs origines, toujours d’application aujourd’hui : la solidarité et la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
[Titre, 1] Cet historique se base sur VERSELE Marie et CARTON Luc, « Éducation populaire, Éducation permanente… toute une histoire ! », 150 ans de la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente, https:// bit.ly/3Rgj23Q ; CARHOP, Histoire de l’Éducation permanente en Belgique : exposition en ligne, 2011, https:// bit.ly/3OMWQgp ; ARCQ Etienne et BLAISE Pierre,
« L’éducation permanente en Communauté française », Dossiers du CRISP, n°43, 1996.w
[2] « Famille et culture, tout un programme… », La Femme Prévoyante – revue mensuelle des Femmes Prévoyantes Socialistes, mai 1971, p. 4.