Palestine, terre occupée depuis 1967. Au quotidien, les Palestinien·ne·s subissent violemment la politique d’apartheid [1] menée par l’État d’Israël. Celle-ci se manifeste notamment par le morcellement du territoire palestinien. La fragmentation physique et morale de la société, les discriminations systématiques et la dépossession des Palestinien·ne·s de leurs terres sont les principaux piliers du système d’oppression et de domination israélien.

La terre est précieuse en Palestine, à tel point que chaque jour, des morceaux de territoires sont accaparés par Israël. Les terres palestiniennes colonisées concentrent la majeure partie des terres cultivables, des réserves en eau et autres ressources naturelles. Comble de l’ironie, aujourd’hui, les Palestinien∙ne∙s consomment majoritairement des produits israéliens, souvent fabriqués ou cultivés dans des colonies israéliennes, tels les fruits et les légumes.

Les femmes invisibilisées dans le secteur agricole

La contribution des femmes à l’agriculture palestinienne est importante, mais souvent invisible. Leurs connaissances, leurs compétences et leur motivation sont rare[1]ment reconnues. Les femmes rurales contribuent largement aux grandes corvées, au travail en usine et au travail agricole. Malgré cette contribution majeure, on estime que 40 % des femmes rurales palestiniennes en âge de travailler effectuent un travail non rémunéré et contrôlent à peine les revenus agricoles. Elles possèdent 15 % des terres agricoles contre 76,3 % pour les hommes et 7,3 % en copropriété.

La jeunesse en quête d’emploi

La jeunesse palestinienne, qui représente 30 % de la population, fait face à un très haut taux de chômage [1]. Chaque année, 40 000 jeunes Palestinien∙ne∙s obtiennent leur diplôme et pourtant les deux tiers ne trouvent pas d’emploi. Le marché du travail palestinien est inondé de diplômés spécialisés dans les secteurs des services et fait parallèlement face à une forte demande de main-d’œuvre qualifiée dans les domaines techniques.

La terre, source de résistance et de renouveau professionnel

Mais les Palestinien∙ne∙s s’organisent et les « nouvelles » formes de résistances émergent de partout. Deux organisations palestiniennes, Ma‘an Development Center et le Palestinian Art Center (PAC), soutenues par l’ONG belge Solsoc, ont mobilisé des jeunes de 15 à 29 ans autour d’un objectif : soutenir la création de coopératives de jeunes pour leur offrir des opportunités de travail. En parallèle, le travail de la terre permet de les préserver de la confiscation par Israël, notamment pour motif d’inoccupation de territoire, et de produire des aliments de qualité. Enfin, offrir ces produits locaux donne l’opportunité de boycotter les produits israéliens qui envahissent le marché palestinien.

Après avoir sensibilisé les jeunes au concept d’économie sociale, 13 groupes de jeunes, dont 4 composés exclusivement de femmes, ont lancé des initiatives agricoles collectives dans le domaine de la permaculture, de l’agriculture écologique et de la transformation alimentaire. Ces initiatives dégagent des bénéfices, qui servent à consolider l’initiative/la coopérative elle-même, à rémunérer la centaine de travailleuses·eurs qu’elles occupent et à fournir des services sociaux ou environnementaux à la société. Loor Amin, une étudiante universitaire de 20 ans a initié, avec un groupe de 5 autres étudiantes, une ferme éducative et écologique. Ensemble, elles ont cultivé environ 800 m2 de terre dans l’objectif d’éduquer la jeune génération à l’agriculture écologique. Elle raconte : « Nous avons fait face à de nombreux défis en tant qu’apprenantes pour renforcer nos compétences, comprendre chaque aspect de la terre, utiliser le compostage biologique, mais aussi la vente de nos produits à des prix justes, et enfin, à gérer notre temps entre les études et le travail à la ferme ». Loor poursuit : « Chaque vendredi, 10 à 12 enfants viennent faire du bénévolat et s’informer sur l’agriculture et l’environnement. En outre, nous avons plus de 50 bénévoles qui ont visité, aidé et appris l’agriculture écologique ». Elle conclut : « Notre rêve est de reproduire cette expérience dans autant d’écoles que possible en Palestine. »

Agir en Belgique

En Belgique, Solsoc et une série d’organisations de soutien à la Palestine appellent à signer une initiative citoyenne européenne (ICE) pour faire interdire les produits issus des colonies israéliennes. En effet, l’établissement de colonies de peuplement dans un territoire occupé constitue un crime de guerre. Les produits qui y sont fabriqués le sont au prix de la violation quotidienne du droit international et des droits humains. Pourtant, ces produits se retrouvent dans nos supermarchés.

Ne participons pas à notre insu à la colonisation du territoire palestinien occupé ! Je signe la pétition

[1] Le taux de chômage chez les jeunes (18-29 ans) en Palestine a atteint 38 % en 2019 (31 % chez les hommes et 63 % chez les femmes) comme 63 % dans la bande de Gaza et 23 % en Cisjordanie. Les données ont également montré que le pourcentage de chômage le plus élevé chez les jeunes concernait les titulaires d’un diplôme intermédiaire et plus, où ce pourcentage a atteint 52 % au cours de 2019 (35 % chez les hommes et 68 % chez les femmes).

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AutriceSolsoc